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comme attiré vers vous par une invincible confiance. Veuillez m’adresser votre réponse chez le professeur Dollinger, Frühlingsstrasse, no 11, Munich et agréer l’hommage du respect sincère et de la vive reconnaissance avec laquelle j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obligé serviteur.


Munich, 11 Frühlingsstrasse, ce samedi 8 juin 1861, midi.

Madame la Comtesse, je reçois à l’instant la dépêche télégraphique que vous me faites l’honneur de m’adresser. Je suis vraiment confondu de l’extrême bonté que vous me témoignez, et vraiment désolé de ne pouvoir répondre à cette bonté comme je le voudrais et comme je le devrais.

Je vous supplie de ne pas remettre votre départ à mon occasion. Je suis retenu ici par une affaire délicate et tout à fait confidentielle ; il s’agit d’une entrevue avec le roi de Bavière qui est à Nymphenburg, de sorte qu’il m’est impossible de savoir aujourd’hui quand il me recevra, ni par conséquent quand je pourrai partir. Je prévois malheureusement que ce ne pourra être avant le 12. J’espère partir ce jour-là ou le lendemain au plus tard. Mais je vous en conjure de nouveau, veuillez ne pas nous attendre. Faites-moi vos instructions, je les suivrai ponctuellement et, si vous me le permettez, j’irai vous remercier chez vous des bontés dont vous me comblez.

Si cette visite à la campagne ne peut pas s’arranger, je n’en garderai pas moins le souvenir le plus reconnaissant de votre aimable empressement, avec le vif désir de pouvoir vous témoigner un jour ma gratitude. Quant à la question du logement, je ne puis songer à vous en importuner : vous avez bien voulu me donner le nom de votre homme d’affaires, je lui écrirai lorsque je saurai le jour de notre départ. On m’a parlé du « Römische Kaiser » comme de l’hôtel où on était le plus sûr de trouver un appartement modeste et confortable, comme il nous en faut.

Je ne perds pas l’espoir de vous baiser les mains avant notre retour en France et suis avec autant de gratitude que de respect votre plus humble et très obligé serviteur.

Veuillez, je vous en supplie, ne parler à personne de ce plan avec le roi de Bavière ; je n’ai manqué au secret que je devais garder que pour vous expliquer comment et pourquoi je ne vous obéis pas sur-le-champ.