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poème de vie totale paru en Italie depuis la Divine Comédie, » M. Donati ferme obstinément les yeux à la réelle, à l’aveuglante splendeur de cet ouvrage. Il n’admire même pas ce livre d’Alcione à qui pourtant M. Gargiulo n’a pu s’empêcher de rendre hommage : « Un enchantement de rythmes sans lois, écrit M. Donati, obtenus par le seul son des mots, de visions lumineuses ou d’harmonies qui se succèdent, s’évanouissent ou reparaissent comme dans une hallucination de songe, subjugue celui qui lit par exemple Versilia ou Albasia ou la Pluie dans la forêt de pins ou la Nouvelle lune ; mais qu’est-ce que ces vers veulent dire ? « Nous renvoyons M. Donati aux commentaires si intelligens de M. Gargiulo. Mais, franchement, nous regrettons que le premier de ces critiques ait besoin des gloses du second pour comprendre le charme indicible du Novilunio ou de la Pioggia nel pineto :


Odi ? La pioggia cade
su la solitaria
verdura
con un crepitio che dura
e varia nell’ aria
secondo le fronde
piu rade, men rade.
Or s’ode su tutta la fronda
crosciare
l’argentea pioggia
che monda,
il croscio ch varia
seconda la fronda
più folta, men folta.
Ascolta.
La figlia dell’ aria
è muta ; ma la figlia
del limo lontana,
la rana,
canta nell’ ombra più fonda,
chi sa dove, chi sa dove !
E piove su le tue ciglia,
Ermione


Pour la majorité des critiques italiens, l’astre de Gabriele d’Annunzio décrit désormais une courbe descendante. La Figlia di Jorio marquerait l’apogée non point de son génie (car il est totalement, d’après eux, dépourvu de génie), mais d’un