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LETTRES
DE MONTALEMBERT
À
LA COMTESSE SOPHIE APPONYI[1]


II


La Roche-en-Breny, ce 23 octobre 1862.

Vous voulez donc continuer à me gâter, très chère Comtesse. Votre magnifique album photographique d’Appony m’est arrivé il y a quelques jours et a excité l’admiration générale. Je vous reprocherai sa magnificence, car il ne faut pas faire de si riches cadeaux, quand on a de mauvaises récoltes comme celles dont vous me parlez, et d’ailleurs une mère de famille très sage, comme vous, n’a pas besoin d’habiller si pompeusement le souvenir qu’elle offre à un nouvel ami, mais à un vieux père de famille comme moi. Cela dit pour l’acquit de ma conscience, j’ajouterai que ce souvenir m’est et me sera toujours infiniment précieux. Il ne fera pas seulement l’ornement de notre antique salon, il parlera à mon cœur d’un lieu qui m’apparaît comme une sorte d’oasis, où je voudrais bien retourner, et d’une personne qui m’a charmé. Il est vrai que je n’aime pas beaucoup la photographie, surtout pour les portraits, mais je trouve celles d’Appony étonnamment réussies. J’ai surtout apprécié celle qui reproduit le balcon, où j’ai passé une si

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.