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suite de l’échec constitutionnel et électoral des conservateurs. Fidèle à ses habitudes de sincérité, l’auteur, en déplorant le graduel affaiblissement de la « piété royaliste, » reprend gravement : « Mais c’est un malheur qu’on ne répare pas par des phrases et des affirmations. »


IV

Après la crise du 16 mai (1877), au cours de laquelle le Français avait ardemment soutenu le ministère de Broglie et ses candidats, il apparut clairement que les vainqueurs, pour assouvir leurs rancunes personnelles, pour prévenir des revendications importunes ou des dislocations inquiétantes, se préparaient en majorité à porter la lutte sur le terrain religieux, et en particulier à réviser la législation scolaire. Thureau-Dangin songea alors à reprendre le projet caressé en ses années d’adolescence, et à composer une nouvelle étude, du même type que les précédentes, sur le mouvement en faveur de la liberté de l’enseignement au temps de la monarchie de Juillet. Il s’agissait toujours dans sa pensée d’un travail de seconde main, qui aurait pour base les histoires générales déjà existantes ; mais, quand il chercha pour le règne de Louis-Philippe l’équivalent des ouvrages de longue haleine consacrés à la Restauration par Duvergier de Hauranne, par Viel-Castel, par Nettement, il eut la surprisé de constater qu’il n’existait à peu près rien. Comme l’époque l’intéressait pourtant, comme il avait déjà réuni des renseignemens, comme il se sentait d’autre part en mesure de s’attaquer à un grand sujet, il résolut, à l’exemple de tant de bâtisseurs, d’élargir son plan primitif, et d’élever lui-même ce vaste édifice dont il venait de déplorer l’absence. Fruit de plus de seize années de labeur, l’Histoire de la monarchie de Juillet parut de 1884 à 1892, en partie d’abord dans le Correspondant, puis en sept volumes grand in-octavo, formant un total de plus de trois mille cinq cents pages[1].

Peu de temps avant la publication du tome premier, la disparition du Comte de Chambord avait fait du petit-fils de Louis-Philippe le représentant en France du principe monarchique.

  1. Voyez, dans la Revue du 15 juin 1892 : Un historien de la monarchie de Juillet, M. Thureau-Dangin, par le vicomte E.-M. de Vogüé