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d’un membre de l’Institut, s’appliquent à vulgariser l’histoire des personnages canonisés ou béatifiés par l’Église. Thureau-Dangin, qui avait d’abord songé à quelque saint du moyen âge, se fixa à l’aurore de la Renaissance italienne, à ce quattrocento dont son père lui avait jadis appris à goûter les artistes, encore méconnus de la foule. Il fit choix du franciscain Bernardin de Sienne, prédicateur populaire, réformateur des mœurs privées en un temps de corruption, missionnaire de paix parmi les discordes de famille, de cité, de région. Soigneusement documenté sans viser à l’érudition, le petit volume de Saint Bernardin de Sienne, qui fut publié en 1896, eut un vif succès d’agrément, d’édification, et demeure, dans la carrière de son auteur, comme une halte souriante entre des travaux plus importans et plus graves.

Cette biographie eut pour résultat d’orienter définitivement Thureau-Dangin vers l’histoire religieuse. Sans rien renier de ses préférences, il s’était insensiblement détaché de la politique active, depuis la mort prématurée du prince en qui il avait placé ses espérances : l’histoire politique elle-même lui semblait désormais sans attraits, et il n’aimait plus à scruter que les évolutions du sentiment religieux. C’est tout à fait par hasard qu’un article, écrit par un ecclésiastique dont il suivait les travaux avec intérêt, attira son attention sur les aspirations d’une partie du monde anglican vers « l’union des Églises : » curieux des origines de ce mouvement, il voulut se renseigner en Angleterre ; or, s’il existait beaucoup de biographies et de recueils de correspondances, il n’avait été publié aucune étude d’ensemble sur cette véritable contre-réforme du XIXe siècle, qui avait amené tant d’âmes à l’Église romaine et si gravement modifié les dispositions de ceux-là mêmes qui étaient demeurés dans les rangs de l’Église établie. Thureau-Dangin entreprit de combler cette lacune : il se mit immédiatement à l’œuvre, et publia de 1899 à 1906 les trois volumes de la Renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle[1]. Plus tard, quand le livre de M. Wilfrid Ward eut divulgué de nouveaux renseignemens sur la carrière catholique de Newman, l’historien, trop absorbé pour refondre ses tomes II et III, tint du moins à consigner ses réflexions dans un petit volume, Newman catholique,

  1. Voyez, dans la Revue du 15 septembre 1906, la Renaissance catholique en Angleterre, par M. Georges Goyau.