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l’hymne célèbre placé au centre de cet office, et qui le résume, en exprime le sens profond.

Ainsi me parlait dom Pastourel, et, tout en marchant, il me récitait et commentait chaque strophe avec une force et une poésie qui ont pour toujours placé dans mon esprit l’essentiel de sa leçon.

Aujourd’hui, d’instinct, je suis allé chercher dans mes livres cet hymne de la dédicace. Je le relis, j’y retrouve mes souvenirs et j’y vois une doctrine, fixée depuis le septième siècle, qui, ma foi, vous a tout de même un autre horizon que les vues de M. Briand.


Urbs Jerusalem beata,
Dicta pacis visio,
Quæ construitur in cœlis
Vivis ex lapidibus,
Et Angelis coronata,
Ut sponsata comité.

Jérusalem, ville bienheureuse,
dite la vision de la paix,
qui est construite dans les cieux
avec des pierres vivantes,
et qui est couronnée d’anges
comme d’un cortège nuptial.


Voilà posée dès la première strophe l’idée profonde de l’Église : il existe une triple analogie entre les pierres de l’édifice, les bienheureux de la Jérusalem céleste et les fidèles qui militent ici-bas. Et d’un bout à l’autre de l’hymne, le thème va se développer sur cette puissante confusion voulue, sans que l’on sache jamais de quel édifice il s’agit, du tangible ou du mystique. Cette construction de pierre est en même temps une construction spirituelle, l’assemblée des croyans et l’épouse du Christ.


Nova veniens e cœlo,
Nuptiali thalamo
Præparata, ut sponsata
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