Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les pierres polies
par les meurtrissures et les coups
sont assemblées à leur place
par les mains de l’ouvrier,
et fixées pour demeurer toujours
dans le saint édifice.


Et l’ouvrier constructeur de cette église, le Christ, y a été placé par son père : il demeure dans les fondations de l’édifice, il forme la pierre angulaire, il relie le double mur. C’est par leur foi dans le Christ que les fidèles sont une société et communient avec les morts.


Angularis fondamentum
Lapis Christus missus est,
Qui parietum compage
In utroque nectitur,
Quem Sion sancta suscepit.
In quo credens permanet.
……………..


Quel dommage que M. Briand n’ait pas connaissance de ce beau texte ! Il y découvrirait la pensée exacte et profonde de ces catholiques qu’il se propose d’organiser. Et c’est bien le moins, quand on veut régenter une collectivité, d’en comprendre la nature essentielle. Après avoir lu ce vieux poème, toujours vivant, répété chaque année, depuis quatorze siècles, dans toutes les églises de France, qui s’y reconnaissent, il saurait de science certaine ce que l’édifice religieux représente dans la doctrine catholique : des âmes cimentées par une même croyance, la communion des vivans et des morts, une haute demeure construite pour proclamer, affirmer et maintenir la foi, bref un credo, tout de force et d’élan, au centre et au-dessus de nos villes.

Ah ! je regrette vraiment de n’avoir pas pu l’autre soir réciter l’hymne à Briand. Ça n’eût pas été pour le seul plaisir de lui révéler de belles proses cadencées. Elles contiennent une moralité politique. On y voit qu’entre tous les élémens qui composent les églises, les pierres ne sont pas les plus importans, aux yeux des catholiques, et qu’en conséquence, il ne faut pas compter sur leur bonne volonté indéfinie pour sauvegarder