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les plus féconds. On s’en rendait compte à Sidi-Kaddour. C’en était fini des marches pénibles, des embuscades lointaines, des départs en pleine nuit ! On pouvait souffler, dans l’attente des récompenses que les ambitieux escomptaient : « Pas un coup de fusil sur le poste, pas un seul convoi inquiété, pas un seul douar pillé, pas une défection dans nos tribus ! Voilà un résultat que ne prévoyaient guère le Zaïani, les Bou-Achéria et leurs 2 000 guerriers ! » énuméraient avec complaisance les tenans de l’offensive quand les partisans obstinés des méthodes prudentes évoquaient les risques auxquels une fausse manœuvre, toujours possible, aurait pu les exposer.

En échange d’un caporal et d’un soldat tués, d’une trentaine de marsouins, artilleurs, Sénégalais et goumiers blessés dans les diverses rencontres, l’influence française sortait raffermie de la tourmente qui devait tout anéantir. Maintenant, les ennemis étaient divisés contre eux-mêmes ; le lien qui les avait unis était rompu sans doute à jamais par les rancunes et les désillusions. Et sur les plateaux du pays zaïan, d’où avait soufflé l’orage, les symboliques lauriers poussaient, qui attendaient les conquérans.


PIERRE KHORAT.