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architecte ; il faut qu’il y ait un appel possible. Car voilà un cas que l’on reverra trop souvent : un maire, par négligence ou mauvaise volonté, s’abstenant de convoquer l’architecte, le curé se tournant alors vers le sous-préfet et le sous-préfet répondant : « Je n’y peux rien ; débrouillez-vous avec votre maire. » Pendant ce temps et comme fond de scène, des paysans français, des fidèles, des contribuables, agenouillés sous une voûte en train de s’écrouler.

Au reste, j’ai tort de m’indigner. Je comprends que mon rôle est moins de vous apporter mon sentiment que des renseignemens. Eh bien ! continuons de voir comment l’administration élève le mutisme à la hauteur d’un système.

Laissez-moi vous lire une note significative qui me vient du maire de Messei, dans l’Orne :

« Depuis le mois de mai, alors que quatre architectes ont donné leur avis formel tendant à la reconstruction du clocher qui constitue un danger public ; alors que le maire a multiplié ses instances auprès de l’administration ; alors que la saison rend les travaux de plus en plus difficiles, la commune ne peut obtenir l’autorisation préfectorale pour faire la dépense que le conseil municipal, d’accord avec une population entièrement catholique, a votée. »

Et quel est ce maire ainsi traité ? C’est un des doyens du Parlement français ; c’est notre éminent collègue du Sénat, M. de Marcère.

M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. — Jamais je n’ai rien...

M. MAURICE BARRÈS. — Permettez ! C’est M. de Marcère lui-même qui m’a « donné cette note en me disant : « Il serait peut-être instructif de montrer comment un des doyens des mairies françaises est traité. »

D’ailleurs, monsieur le Président du Conseil, voulez-vous me permettre de vous citer mon cas ? Je n’ai pas été plus heureux que M. de Marcère. Le 15 novembre 1910, je vous ai écrit pour attirer votre attention sur le mémoire à vous adressé par M. le curé de la paroisse de Reterre, dans la Creuse. Ce prêtre a réuni les fonds nécessaires pour reconstruire son église ; il est d’accord avec son conseil municipal, mais il ne peut pas arriver à obtenir de l’administration l’autorisation de commencer les travaux. Votre préfet se tait. Vous vous taisez. Où est le Gouvernement ?