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inauguré solennellement aux grandes Panathénées de 438. Du haut de sa demeure lumineuse, Pallas protège son peuple chéri, et met à l’écart les noires filles de la nuit, les Euménides, qui habitent les antres souterrains du Tartare et ne portent jamais les blancs habits de la joie.

Jusqu’au déclin de l’époque romaine, le Parthénon était demeuré intact. Aucun changement n’y fut apporté avant la seconde moitié du IVe siècle, sous Alexandre. Depuis lors, il devint église chrétienne, après l’édit de Théodose II, en 426. Consacré vers 662 à la Vierge mère de Dieu (Théotokos) il resta, jusqu’au XIIIe siècle, l’église métropolitaine d’Athènes. Puis la croix latine remplaça la croix grecque, après la conquête de Constantinople par les Croisés. Et deux cent cinquante ans après, en 1458, sous Mahomet II, il devint une mosquée. Il faut arriver jusqu’au XVIIe siècle pour constater le réveil d’une curiosité attentive à l’égard des monumens d’Athènes. Par l’établissement de ses consuls et de ses missions dans le Levant, la France prend une grande part à ce mouvement de recherches qui inaugure, pour les antiquités athéniennes, une période toute nouvelle. L’année 1674 marque une date mémorable dans l’histoire des études dont le Parthénon commence dès lors à être l’objet. Le 15 novembre, escorté des consuls de France et d’Angleterre, le marquis de Nointel, nommé ambassadeur près la Porte, avec mission de renouveler les Capitulations et de prêter tous ses soins au relèvement du commerce français en Orient, faisait à Athènes une entrée solennelle au son des fanfares françaises et des trompettes turques, la bannière rouge des Anglais déployée à côté de la bannière blanche fleurdelisée, et pénétrait dans l’Acropole, salué par les décharges des batteries du château. Sans retard, il sut mettre à profit les facilités qu’il trouvait pour « examiner toutes ces richesses d’art, et confier à l’un des deux peintres, qu’il avait emmenés de Constantinople, la tâche de reproduire les sculptures du Parthénon. » Dans une dépêche datée d’Athènes et adressée à M. de Pomponne, le 17 décembre 1674, il annonçait l’envoi de « représentations désignées qui seront d’autant mieux reçues qu’outre leur justesse, elles sont encore recommandables par leur rareté, ce qui les rend uniques. » Nointel ne croyait pas si bien dire. Le bombardement des canons et des obusiers vénitiens, des troupes du capitaine général Francesco Morosini, et l’explosion du 21 septembre 1687, devaient bientôt causer la ruine définitive, irréparable, du temple où les Turcs avaient établi des travaux de défense et concentré toutes leurs munitions. Un siècle plus tard, une grande partie des sculptures épargnées par l’explosion de 1687, une douzaine