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Barrois, détachant une colonne dans la direction de Sweveghem, pour contenir Hellvig, portait en même temps deux bataillons et de l’artillerie sur la route de Tournai, à la rencontre de Hobe, qui s’avançait par cette chaussée. Ainsi arrêté de front dans sa marche, Hobe, appuyant alors à droite, gagnait à travers champs Sweveghem, pour y soutenir Hellvig, qui venait lui-même d’être refoulé sur ce point. Après une courte résistance, Hobe et Hellvig se retirèrent sur Harlebeke, où ils passèrent la Lys, pour opérer ensuite un mouvement vers Menin. Hobe pensait décider ainsi Barrois à évacuer Courtrai ; mais, apprenant que le poste de Menin se trouvait solidement défendu, le colonel prussien se dirigea sur Audenarde, tandis que Hellvig allait se poster à Deynze. En effet, Maison avait réuni à Menin quelques bataillons, qu’il venait de tirer des places, afin de renforcer sa petite armée avant de la porter sur Gand ; mais la présence de Hellvig à Deynze sur la route de Gand obligeait Maison à modifier ses projets et le forçait maintenant a manœuvrer de façon à faire supposer au Duc de Weimar qu’il avait pour objectif Bruxelles, et non point Anvers.


VI

Maison, qui avait réuni à Courtrai toutes les troupes dont il pouvait disposer, se porta, le 5 mars, sur Audenarde avec 5 400 fantassins, 930 cavaliers et dix-neuf bouches à feu. La division Barrois tenait la tête de la colonne, la division Solignac, à l’arrière, couvrait le parc, suivie du gros de la cavalerie. En même temps, un détachement aux ordres du général Penne se dirigeait sur Vive-Saint-Eloi, pour surveiller la contrée vers Deynze, et surtout pour observer la route de Gand, par où Hellvig pouvait chercher à menacer les communications de Maison. Le général en chef espérait déloger d’Audenarde le colonel de Hobe, y passer l’Escaut et refouler Hobe jusqu’à Renaix. Débordant ainsi la droite des alliés et poussant Penne, de Vive-Saint-Eloi sur Gand, Maison se rabattrait alors dans la direction de cette ville, de façon à opérer sa jonction avec le général Penne. A la faveur de ce mouvement, peut-être lui serait-il possible de communiquer avec Anvers et d’attirer à soi une partie de la garnison ? Maison tentait une opération qui