Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 19.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous avons dit comment Maison, après l’évacuation de Courtrai, avait ramené ses troupes sous Lille. Entre la sûreté des places dont il devait assurer défense et l’obligation où il était de renforcer son armée pour reprendre avantageusement l’offensive, le général en chef se trouvait dans un dilemme redoutable. S’il se conformait aux intentions de l’Empereur qui voulait que dorénavant les milices urbaines fussent seules chargées de garder les places, le général en chef pouvait assurément en tirer les troupes de ligne nécessaires à compléter la division Solignac ; mais les gardes nationales ne se montraient pas, en général, animées d’un bon esprit. Leur organisation se poursuivait lentement, car, sans attendre pourtant l’ennemi en libérateur, les habitans de cette région se résignaient, par apathie, à accepter le joug de l’étranger. Quels élémens pouvait offrir Landrecies, où la population ne dépassait pas 1 500 âmes ? Persuadé d’ailleurs que les alliés attaqueraient prochainement l’une des places de l’ancienne frontière, Maison ne voulait pas entièrement les dégarnir de troupes de ligne. Il opéra donc principalement sur les garnisons d’Ypres et d’Ostende les prélèvemens ordonnés par l’Empereur. En même temps il prescrivit au général Brenier d’acheminer sur Lille tous les hommes présentement disponibles dans les dépôts de sa division militaire. Cette mesure n’allait produire que des résultats insignifians. A la date du 20 mars, la 16e division militaire était parvenue à fournir 6 600 hommes pour la formation du 1er corps ; mais comme Maison jugeait indispensable de laisser 5 500 hommes dans les places, il ne lui restait que 1 100 hommes pour renforcer son corps d’armée.

Ainsi Maison disposait tout au plus de 7 000 hommes, lorsque différens rapports l’avisèrent que l’ennemi faisait fabriquer des pots à feu, réquisitionnait dans le pays toutes les échelles à incendie et en construisait de fort larges avec les mats des bateaux qui naviguaient sur l’Escaut. Bientôt le général en chef fut positivement informé que Weimar opérait un mouvement sur les places de la frontière. Cette nouvelle ne l’étonna point ; depuis longtemps il prévoyait que les alliés tenteraient d’escalader quelqu’une de ces places dont ils connaissaient la faiblesse, et sans doute Maubeuge, qui gênait particulièrement leurs communications. Maison renforça donc d’un bataillon les garnisons de Maubeuge et de Valenciennes et pour se mettre mieux en