Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 19.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du colonel Bichalov et un régiment belge qui s’y formait sous le commandement du colonel Polis et que soutenaient deux bouches à feu, composaient toute la garnison de cette ville.

A l’approche de l’armée française, les cosaques s’avancèrent au dehors, mais furent sabrés de terrible manière par les lanciers du général d’Audenarde et ramenés battant jusqu’à l’entrée de la ville. Comme la porte s’en trouvait fermée et gardée par quelques fantassins, Maison lança la brigade Penne à l’attaque de cette porte que ses défenseurs abandonnèrent aussitôt. Vainement un escadron de cosaques tenta courageusement de charger encore. Il fut repoussé et presque anéanti par les cavaliers du 2e lanciers de la garde. Bichalov, contraint d’évacuer Gand, se retira sur Molle, mais le colonel Polis et plusieurs officiers du régiment belge, avec la majeure partie d’un bataillon de ce régiment, furent faits prisonniers[1].

Dès son arrivée à Gand, Maison avait pris les mesures nécessaires pour rétablir ses communications avec Anvers. Informé que des coureurs ennemis se montraient dans la direction de Lokeren, il avait fait partir aussitôt pour Anvers son sous-chef d’état-major, le colonel Villatte, avec une compagnie de voltigeurs, montée sur des voitures du pays, qu’escortaient une cinquantaine de cavaliers qui devaient accompagner ce détachement jusqu’au-delà de Lokeren. Villatte emportait, à l’adresse de Carnot, l’ordre de mettre à la disposition du général en chef la division Roguet avec son artillerie ainsi que les lanciers et gardes d’honneur restés dans la place. Villatte arriva sans encombre, et dans la nuit même, à destination. Ainsi « moins de quarante heures » après son départ de Lille, Maison avait des troupes sous Anvers.

Roguet quitta Anvers le 27 mars, passa l’Escaut et se porta vers Gontrode et Gyzenzeele, où Maison le posta afin de convaincre l’ennemi qu’il se disposait à marcher par Alost sur Bruxelles, alors que, en réalité, il se proposait de ramener à Lille son armée renforcée et d’aller aussitôt dégager Maubeuge.

Dès qu’il eut appris l’arrivée de Maison à Gand, le général de Thielmann, voulant lui couper la retraite, s’était avancé avec 5 000 hommes de Tournai jusqu’à Courtrai. Mais craignant

  1. Historique des opérations du 1er corps d’armée en Belgique pendant l’année 1814 : Annotations du général Maison. — Opérations du 3e corps d’armée allemand sous les ordres du Duc de Weimar en 1814 : Relation de Plotho.