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rapins de Montmartre. Et ce qui achève de donner son caractère saisissant à cette manifestation, c’est qu’elle est approuvée et contresignée par des savans fort éloignés d’une conception surnaturelle du monde. (Très bien ! très bien ! )

Une telle union d’esprits si divers, monsieur le ministre, nous entraine sur un plan où les querelles de parti n’ont plus de sens. Désormais la question des églises est déclassée. Elle est soustraite à la polémique. Vous pouvez l’examiner et la régler en toute sérénité.

Très évidemment, à l’origine de cette pétition il n’y a rien d’autre qu’un mouvement de sympathie et de vénération pour les églises de France, un mouvement d’amour. Puisse-t-il être communicatif ! On voudrait mettre en épigraphe sur cette pétition ce que Beethoven écrivait en tête de la partition de la Messe en ré : « Sortie du cœur, puisse-t-elle y retourner ! » (Applaudissemens.)

Oui ! puisse cette pétition des églises retrouver ce qui subsiste de noble et de généreux chez des hommes durcis par les luttes politiques !

Elle a trouvé partout le plus favorable accueil. Vous citerai-je, en date de septembre 1911, un vœu émis à l’unanimité par le Conseil municipal de Paris et demandant « que l’Etat intervienne pour empêcher la destruction et favoriser la restitution des monumens possédant un caractère soit artistique, soit historique… (Applaudissemens) ayant tenu une place dans l’existence nationale ou dans la vie locale des communes françaises. » (Applaudissemens au centre, à gauche et à l’extrême gauche.) Vous citerai-je encore, en date d’hier cette fois, un vœu du Conseil général de la Seine-Inférieure, toujours émis à l’unanimité : « A quelque parti que l’on appartienne, nous devons tous être d’accord pour trouver la solution nécessaire et pour protéger l’une des plus importantes parties de nos richesses nationales. » Enfin, ici même, par l’organe de ses rapporteurs, MM. Dubarle et Bories, votre commission des pétitions a accueilli très favorablement la pétition des églises. Et je rends bien volontiers hommage à la bonne volonté avec laquelle l’administration des Beaux-Arts fait face à une situation difficile. L’administration préfectorale, elle-même, je constate qu’elle a réparé, comme elle a pu, une partie des scandales que j’ai dénoncés, soit à cette tribune, soit dans la presse.