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n’accorderait que la valeur d’un petit incident accessoire.

Il se trouve, en effet, que la pluie de cendres du genre de celle qui fit périr, aux deux bouts de l’histoire, Pompéi et Saint-Pierre de la Martinique, en tombant dans la mer et en se mélangeant sur le fond de celle-ci avec les objets que l’eau est accoutumée de déposer, donne naissance à une roche singulière par la mutuelle incompatibilité apparente de ses caractères. C’est la cinérite, désignée encore sous le nom de tuf volcanique. Formée de minéraux éruptifs, cette roche contient des débris organiques, squelettes de poissons, coquilles de mollusques, algues marines et rameau de plantes terrestres, apportés par les fleuves, etc. On ne peut guère observer directement la formation de ce complexe, mais ou connaît des localités où des modifications, géologiquement toutes récentes, de la géographie ont desséché les pièces d’eau portions de mers ou lacs, qui, lors de leur état complet, ont reçu les projections volcaniques ; et la constitution que nous venons de décrire s’y trouve réalisée. Par exemple, dans le Vicentin, et surtout dans notre Cantal, sur les flancs mêmes du Plomb, on rencontre des formations de ce genre dont l’étude est pleine d’enseignemens.

Bornons-nous à la localité cantalienne, située dans un site tout spécialement charmant, surtout parce qu’il contraste avec l’aspect du pays, lors de la formation de la cinérite. C’est dans la vallée de la Cère, non loin de Vie, dans le lieu-dit le Pas de la Maugudo que, pour notre compte, et grâce aux indications de Saporta, nous avons éprouvé cette émotion d’évocation du vieux volcan, un moment réveillé pour nous. Sur la section d’un escarpement que les amateurs d’histoire naturelle ne se lassent pas d’entretenir en bon état par la simple poursuite de leurs études, se montre une roche légère, friable, d’un gris de cendre, entièrement composée de petits débris de minéraux volcaniques faiblement agglutinés entre eux. De toutes parts s’y montrent des empreintes de feuilles où l’on retrouve non seulement la forme générale et le caractère de ces organes végétaux, mais tout le système des nervures, admirablement conservé. A première vue, on y reconnaît avant tout des feuilles d’un hêtre, si ressemblant à notre hêtre d’aujourd’hui qu’il faut une grande déférence à l’égard des autorités scientifiques pour croire qu’il s’agit seulement d’une essence très voisine, qui vivait à l’époque tertiaire supérieure dite pliocène. Avec elle végétaient, dans le même lieu,