Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 19.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire un tableau complet de la vie géologique du Plateau Central, passer en revue ces apports des assises souterraines.

Les sources minérales du Plateau Central, dont plusieurs sont encore très chaudes, présentent une composition très variable et quelquefois très riche.

Tout le monde a entendu parler de la source de Saint-Alyre, dans la ville même de Clermont-Ferrand. Elle contient, à la faveur de son acide carbonique, une si grande proportion de carbonate de chaux, que ses incrustations ont formé plusieurs ponts sur la Tiretaine. Cette source rivalise ainsi avec les célèbres eaux d’Italie, pays volcanique très actif, Tivoli, San Vignone, San Filipo : aussi Saint-Alyre est-il célèbre depuis longtemps. Un auteur du XVIe siècle, Belleforest, écrit dans sa Cosmographie Universelle : « Au dedans de l’abbaye de Saint-Alyre passe un fleuve qu’on dit avoir été jadis nommé Scatéon et ores est dit Tiretaine, sur le cours duquel est posé le merveilleux pont de pierre naturelle fait par l’eau d’une fontaine qui s’endurcit en pierre non sans estonnement des effets miraculeux de la nature ; et laquelle fontaine est à environ trois cents pieds de la rivière, laquelle coulant vers la rivière susdicte faict cette dureté pierreuse du pont par sous lequel passe le fleuve susnommé.

« Le feu roy, Charles neuvième du nom, faisant son voyage de Bayonne, voulut voir ce pont merveilleux et la fontaine qui n’est artificielle, et le cours d’eau et la source d’où elle procède comme chose estrange et des plus rares miracles de nature qu’on voye guère en France. »

Le pont que vit le roi Charles IX date des temps préhistoriques. Il a une arche de huit mètres de largeur, si solide que les voitures peuvent y passer. Le pont du Diable ou pont-stalactite a une élévation au-dessus du bief de 5m, 10. Lecoq, qui a spécialement étudié les Eaux minérales du Massif Central de la France[1], dit que le pont du Diable doit son origine à la source aujourd’hui détournée de la rue des Chats. « A partir de cette source, le pont de pierre présente l’aspect d’une muraille construite seulement à fleur de terre, laquelle irait en augmentant d’épaisseur et de hauteur à mesure que l’on avance vers son extrémité. Sa surface supérieure, d’abord très étroite, s’élargit graduellement, et l’on remarque encore une espèce de sillon qui

  1. Un vol. grand in-8 ; Paris et Clermont, 1864.