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POÉSIES

POÈMES D’ISLAM


LE JET D’EAU


Ô cyprès, balancez lentement votre cime,
Et bercez les ramiers qui se posent sur vous,
Beaux arbres ténébreux qu’un faible vent anime,
        Et remplit d’incessans remous.

Ô vous, en qui l’ardeur du vieil Islam sommeille,
Faites stagner dans l’air des flots de parfums,
Orangers opulens, tourmentés par l’abeille,
        Ou par les merles importuns.

Colombes, roucoulez, roucoulez, ô colombes,
Oiseaux couleur de cendre, au sanglot musical,
Versez sur les jardins, les vergers et les tombes,
        Votre chant pareil au cristal.

Que le soleil scintille au marbre des allées,
Caresse la faïence, effleure les jasmins,
Et baise tendrement les heures long voilées,
        Qui portent l’oubli dans leurs mains ;