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un stage. Celui-ci est, comme il convient, éliminatoire. Le « contrôleur stagiaire » qui, au bout de deux ans, n’aura pas acquis la connaissance de l’arabe ou du berbère et prouvé à l’usage ses aptitudes, pourra être casé dans une des administrations du protectorat, mais il ne saurait être admis dans la plus haute : le contrôle.

Comme tous les textes réglementant notre nouveau protectorat, celui-ci est supérieur à tout ce qui a été fait ailleurs dans notre empire colonial pour régir la même matière. On peut seulement trouver, malgré le préjugé de notre démocratie contre les gros traitemens et en s’inspirant de l’exemple des colonies anglaises, que la perspective d’arriver au sommet de la carrière à une rémunération de 48 000 francs, en partant de 7 000 pendant le stage, n’est pas suffisante pour attirer les hommes de première valeur, et d’ailleurs peu nombreux, que demande le corps du contrôle. La retraite même des hauts fonctionnaires du civil service de l’Inde est plus tentante que ce bâton de maréchal : elle s’élève à 25 000 francs.

Le règlement du 2 août ne pouvait s’appliquer immédiatement en entier : les besoins pressans du protectorat ne permettent pas d’attendre que le stage ait fourni des sujets sélectionnés et, de plus, on ne saurait confier des régions entières à des hommes très jeunes et sans expérience, quoi que l’on soit en droit d’attendre d’eux dans l’avenir. Ainsi l’article 7 permet-il à titre transitoire au gouvernement du protectorat de nommer contrôleurs « tous candidats dont les titres, services et diplômes auront été jugés suffisans. » Bien que les influences politiques n’aient pas été admises à les imposer, l’expérience ne permet pas de juger encore de ces choix : ils sont graves, puisqu’ils vont constituer le moule où se formeront les traditions et le personnel du corps de contrôle, la cellule mère dont la multiplication va donner naissance à l’organisme d’où dépendra essentiellement la valeur de notre politique indigène.


Défendus par le contrôle contre les abus des maîtres d’hier, nos protégés doivent l’être encore contre ceux qui peuvent résulter de la conquête. A vrai dire, le danger est, à cet égard, beaucoup moins grand au Maroc qu’il n’a été dans telle ou telle de nos autres entreprises coloniales. Nos débuts y sont tout