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REVUE LITTÉRAIRE

UN GRAND INITIÉ[1]

Un grand initié, c’est, lui-même, l’auteur des Grands Initiés et des Sanctuaires d’Orient, de l’Évolution divine, de vingt volumes singuliers et beaux, enfin de la Druidesse, poème en prose, et drame pour lequel je ne vois aucun théâtre, méditation lyrique et, plutôt encore, vive prophétie. Une telle œuvre impose le respect ; je crois qu’elle déconcerte aussi son lecteur. Est-elle obscure ? En somme, non. Avec la plus honnête simplicité, avec une sorte de bonhomie, M. Edouard Schuré n’écrit pas autrement que s’il n’était pas du tout le révélateur des causes premières et des suprêmes conséquences. Il ne cherche pas à environner de prestiges les vérités qu’il dévoile ; au contraire, il nous en veut montrer la claire évidence. Il y a de l’apôtre, en lui. Un apôtre est un homme heureux, ayant les deux vertus principales : certitude et patience. Il nous déconcerte pourtant. C’est que les vérités à la contemplation desquelles il nous invite ne sont pas très familières à notre futilité. Puis les initiés ont leur méthode, qui étonne un peu les profanes.

Nos opinions, nous les tenons ou de la croyance ou du raisonnement, La croyance est la soumission de la raison discursive ; et le raisonnement, s’il garde quelque initiative de nous, se soumet néanmoins aux règles de la dialectique. M. Edouard Schuré procède d’une autre manière, plus rapide et audacieuse. Il a un système, l’intuition,

  1. M. Edouard Schuré, la Druidesse, « précédée d’une étude sur le réveil de l’âme celtique, » Perrin. — Cf. Edouard Schuré, son œuvre et sa pensée, par MM. Alphonse Roux et Robert Veyssié, même éditeur.