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Nous ne rappellerons pas, car la Revue leur a consacré naguère plusieurs articles, les faits déjà anciennement connus sur la tuberculose : les merveilleuses intuitions de Laennec, inventeur de l’auscultation, l’inoculation expérimentale de la maladie par Villemin, la découverte, l’isolement et la culture du bacille de Koch, et la navrante aventure de sa trop fameuse tuberculine dont le gouvernement prussien avait projeté, comme on s’en souvient, de faire un instrument de sa politique. On sait que la tuberculine[1] a failli tragiquement aux espérances qu’elle avait fait naître, mais elle a conservé un rôle qui, pour être plus modeste, n’en est pas moins utile : elle constitue par sa réaction pour l’homme et les animaux un moyen excellent de diagnostic de la tuberculose.

Pour ne point parler des différens sérums anti-tuberculeux expérimentés jusqu’à ce jour (Maragliano, etc.), dont aucun à notre avis n’a donné de résultats nettement encourageans, venons-en maintenant aux faits nouveaux les plus remarquables apportés dans le domaine de la tuberculose et qui émanent des laboratoires pastoriens.

A défaut de traitemens spécifiques encore inexistans pour prévenir ou guérir la maladie, les méthodes d’hygiène demeurent notre meilleure arme : non pas uniquement d’hygiène générale, mais aussi d’hygiène spécifique. C’est pourquoi les recherches récentes sur les conditions dans lesquelles le bacille tuberculeux peut envahir l’organisme sont si importantes.

A rencontre de bien d’autres bactéries (fièvre typhoïde, choléra) le bacille de Koch a une très grande vitalité, il subsiste des journées et même des semaines à l’état virulent, hors de ses habitats ordinaires, qu’il soit sec ou enrobé dans des gouttelettes d’eau. Dans du fromage provenant de vaches tuberculeuses le bacille fut trouvé vivant au bout de 200 jours. C’est ce qui surtout le rend dangereux dans les agglomérations. Burnet a d’ailleurs montré récemment qu’il peut présenter suivant les circonstances toute une gamme de virulences atténuées.

On se souvient de la retentissante communication faite par Koch en 1901, dans laquelle affirmait la dualité irréductible des tuberculoses humaine et bovine. On a montré depuis qu’elle n’est pas rigoureusement exacte et que la tuberculose bovine peut très bien infecter l’homme par les voies digestives (lait, viande). Mais, en fait, comme l’a établi M. Calmette, 98 p. ! 00 des tuberculoses de l’adolescence et de l’âge

  1. On l’appelait aussi Kochine... prononcez coquine, disait je ne sais plus qui.