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ville d’Oea envoyait chaque année à Rome une quantité considérable d’huile destinée aux largesses impériales. C’était une gracieuseté que les habitans avaient faite pour la première fois à leur compatriote Septime Sévère. Mais cette prestation volontaire n’avait pas tardé à dégénérer en contribution obligatoire, très lourde pour le pays, dont les intéressés n’obtinrent la suppression qu’au commencement du IVe siècle, sous Constantin.

La vigne enfin était cultivée dans les oasis de la côte, notamment à Tacape où elle donnait double récolte, à Oea et à Leptis, dont les crus jouissaient d’une honnête réputation. L’étendue de cette zone d’oasis est d’ailleurs très restreinte ; l’oasis de Zlitten, une des plus grandes, mesure en longueur une vingtaine de kilomètres ; celle de Tadjoura, une quinzaine ; celle de Zauia, six ou sept ; celle de Zouagha enfin, trois, sur un kilomètre de largeur.

Une seconde bande cultivable jalonne le rebord septentrional de la région montagneuse, au point précis où les oueds descendent du plateau pour s’étaler en plaine. C’était la région du limes Tripolitain, une des plus fertiles de la Tripolitaine ancienne. Elle est marquée aujourd’hui encore par une succession de bourgades : Ouezzan, Nalout, Djado, Zentan, Yffren, qui ont remplacé, pour la plupart, les vieilles stations romaines. Cette zone était très longue, trois cent cinquante kilomètres de la frontière tunisienne au territoire de Leptis, mais en revanche, elle était très étroite, une quinzaine de kilomètres en moyenne. Elle se déroulait ainsi sous forme d’un véritable ruban de cultures où alternaient les champs d’orge et les plantations d’oliviers.

En dehors de cette région côtière, comprise tout entière à l’intérieur du limes, les terres cultivables ne se présentaient plus que sous une forme sporadique. Le T’ahar au Sud, les deux plateaux des Tarhouna et d’Orfella, à l’Est, sont d’une manière générale des régions de sables et de pierres dont les Romains eux-mêmes n’ont jamais rien pu tirer, mais il restait les longs sillons des oueds, dont le sol marneux, était, au prix d’une irrigation régulière, susceptible d’une production agricole appréciable.

C’est, en effet, dans ces vallées que s’est concentrée exclusivement la vie agricole des hauts plateaux. Les vallées de