Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/670

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loi, à cet égard, prévoit une institution nouvelle. Il se borne, en revanche, à favoriser le développement des écoles ménagères destinées à compléter l’instruction technique des jeunes filles dans nos campagnes. Certes, nous possédons déjà des écoles spéciales qui leur sont réservées, mais ces établissemens sont rares, et trop éloignés pour que les familles n’hésitent pas à se séparer longtemps de leurs enfans. L’école ménagère ambulante répond à un besoin en même temps qu’elle offre des facilités singulières. Nous avons dit plus haut qu’on avait déjà institué cet enseignement spécial, à l’imitation de ce qui se fait à l’étranger.

Les succès obtenus, la faveur dont les écoles ont bénéficié, la simplicité et l’économie qui en constituent les traits saillans, tout nous inspire confiance dans le succès de l’œuvre qu’elles accomplissent. Déjà une école normale destinée à la formation des professeurs vient d’être installée à Grignon près de Versailles. Tout ce que l’on fera pour favoriser les écoles ménagères ne peut qu’être approuvé.

La même conclusion s’impose en ce qui touche les écoles d’hiver, qui ont fait leurs preuves. Les besoins constatés justifient des créations nouvelles.

Le projet de loi ne crée pas, mais il maintient fort sagement les écoles professionnelles connues déjà sous le nom de fermes-écoles et d’écoles pratiques. Sur ce point nous n’avons donc aucune objection à formuler.

Certes, on peut regretter que l’effectif des élèves ne soit pas plus nombreux, mais nous ne croyons nullement que cette insuffisance relative soit imputable à la nature ou à la qualité de l’instruction. Le public rural n’est pas encore convaincu de l’utilité d’un enseignement agricole quel qu’il soit ! Voilà la vérité. Sans doute, beaucoup d’agriculteurs éclairés ne partagent pas cette opinion. Ceux-là ont beaucoup vu et beaucoup retenu ; ils lisent, ils s’instruisent et portent un jugement sur les conditions nouvelles de leur industrie. C’est une élite, et par suite une exception. Dans quel milieu doivent précisément se recruter les élèves des écoles pratiques ou des fermes-écoles ? Dans la classe des petits fermiers, des métayers, des propriétaires-cultivateurs, voire des ouvriers ou des domestiques agricoles. Nous comptons en France plus de deux millions de propriétaires-cultivateurs, plus d’un million de fermiers, et près de 350 000 métayers.