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puissent pas être plus importantes. Il est fâcheux assurément que tous les élèves ne possèdent pas une instruction scientifique ou même littéraire plus complète.

Tout cela est vrai, et les mêmes causes, comme nous allons le voir, expliquent ces insuffisances.

L’honorable rapporteur du projet de loi attribue uniquement la faiblesse des effectifs à une mauvaise rédaction des programmes d’études. C’est là, croyons-nous, une grave erreur, et nous trouvons précisément dans le document officiel un argument décisif pour combattre cette opinion.

« Si l’on recevait à Grignon, écrit le rapporteur, tous les candidats admis après le concours et qui désirent y entrer, il n’y aurait presque pas d’élèves pour Montpellier et Rennes. »

Or, le programme des études est presque identique à Grignon et dans les autres écoles d’ordre supérieur qui paraissent délaissées. Ainsi, les préférences des élèves ne sont ni expliquées ni justifiées par des différences de programmes.

Le mérite des professeurs n’explique pas davantage les différences observées.

Il nous est donc impossible de comprendre ou d’approuver la conclusion suivante : « C’est précisément pour vouloir donner un enseignement qui ne répond pas aux besoins des élèves, pour vouloir donner à tout prix un enseignement comparable à celui de l’Institut agronomique, que les écoles de Rennes et de Montpellier ont un recrutement insuffisant. »

Nous le répétons, l’enseignement donné à Grignon n’est pas moins élevé, et moins théorique (dans le bon sens du mot) que celui des deux autres écoles. Or, le recrutement de Grignon est parfaitement assuré ; c’est le rapporteur lui-même qui le constate. Pourquoi dès lors serait-on fondé à critiquer les programmes semblables des écoles de Montpellier et de Rennes ?

A la vérité, l’Institut agronomique lui-même a un recrutement qui ne correspond nullement à l’importance de la grande culture dans notre pays. Qu’est-ce que quatre-vingts élèves admis chaque année en comparaison des centaines de milliers de domaines dont la direction exige, — pour être bonne, — les connaissances agronomiques et scientifiques les plus étendues ! Or les programmes de l’Institut agronomique ne sont pas critiqués et nous ne songeons nullement nous-même à les considérer comme trop « théoriques. » L’insuffisance des applications