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représenté par la terre ne produit qu’un faible intérêt quand on donne cette terre en location. Le taux de placement ne dépasse pas, — cela est vrai, — 3 ou 4 pour 100, parce que le propriétaire court peu de risques et reçoit un revenu régulier. Ce taux décroît même à mesure que les risques sont moins grands et que les fermages sont payés par des agriculteurs riches avec une exactitude plus scrupuleuse. Bien mieux, ce sont les personnes prudentes qui ont fait baisser le taux de placement en se disputant des revenus modestes, mais assurés, qu’ils consentent à payer fort cher.

Tout cela est vrai, mais ne prouve rien en ce qui touche la productivité de l’industrie agricole ; sinon, le faible taux de placement assuré aux immeubles qu’occupent des industriels ou des commerçans démontrerait aussi l’état misérable dans lequel végètent soi-disant l’industrie et le commerce !

En fait, l’agriculteur exploite le sol en utilisant des capitaux mobiliers parfaitement distincts de la terre et des bâtimens qui la couvrent. Ces capitaux sont représentés par des semences, du bétail, des instrumens, des fonds de roulement, et la productivité de ces capitaux-là est tout à fait différente du taux de placement d’un héritage rural loué par son propriétaire. Les « avances » du cultivateur rapportent 10 pour 100, 15 pour 100, parfois 20 pour 100, de même que les capitaux mobiliers d’un négociant lui rapportent quatre ou cinq fois plus que le loyer de ses boutiques ou magasins ne rapporte, — pour 100 francs, — au propriétaire qui les lui loue.

Or, quand on parle de l’industrie agricole, ou des profits qu’elle donne, il est question du cultivateur et non du propriétaire ; il s’agit des capitaux de culture, et non pas des biens-fonds. Voilà ce qu’il faut distinguer et ce qu’il est indispensable de comprendre. On rendrait au pays tout entier un service inappréciable en éclairant le public sur l’élévation relative des gains obtenus à l’aide des capitaux de culture. Peu de gens connaissent ces profits, et les agriculteurs eux-mêmes se refusent toujours à les révéler, bien que l’étude d’une bonne comptabilité agricole soit plus instructive que tous les procédés techniques indiqués au premier venu.

Faire connaître exactement les profits agricoles et lutter contre le préjugé relatif à la prétendue improductivité de l’industrie rurale, ce serait contribuer de la façon la plus efficace à