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comprend pas encore l’utilité, on peut même dire la nécessité d’un enseignement scientifique élémentaire, mais les familles reculent devant la dépense et ne peuvent pas toujours se séparer des enfans qui deviennent des collaborateurs utiles, à l’âge même où ils devraient entrer dans une ferme-école ou une école pratique. En outre, les débouchés manquent ; les jeunes gens sortis des établissemens officiels ne trouvent pas les situations qu’ils auraient le droit d’ambitionner après avoir conquis leurs diplômes.

Le recrutement des élèves dans les écoles supérieures présente les mêmes difficultés, et a vivement préoccupé les auteurs du projet de loi. On a critiqué les programmes et le caractère d’un enseignement qui serait trop théorique. C’est une erreur. Le rôle de l’école consiste précisément à donner un enseignement scientifique, que les futurs agriculteurs, — chefs d’exploitations, — ne trouveraient pas dans les fermes les mieux conduites. La faiblesse numérique de la population scolaire est expliquée par d’autres raisons. On ne connaît pas, et l’on n’estime pas à sa juste valeur, la profession agricole ; on ignore les profits qu’elle donne, on ne songe pas à l’indépendance qu’elle assure. Ignorances et préjugés sociaux, telles sont les causes qui détournent les jeunes gens instruits et suffisamment fortunés de la carrière agricole.

Il faut tout attendre du progrès des lumières et de la transformation des idées.

Nos écoles supérieures rendent dès à présent d’inappréciables services. Elles constituent notamment des centres de recherches. C’est à ce point de vue qu’il faut également se placer pour apprécier avec clairvoyance leur utilité et leur vrai rôle.

La réforme désirable entre toutes consisterait à donner au corps enseignant des moyens d’action et des facilités de travail dont il reste privé, faute de ressources. Or, toute amélioration des conditions de la culture offre, dans notre pays, un intérêt sans égal, puisqu’elle peut exercer une influence décisive sur le développement de la production dans quatre millions d’exploitations rurales.

La réforme que nous signalons est, à elle seule, tout un programme. Ceux qui sauront l’accomplir auront rendu au pays tout entier un service exceptionnel.

D. ZOLLA.