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en procurant au sujet, soit par la vaccinothérapie, soit par la sérothérapie, une immunité plus ou moins durable. Tandis que la première méthode consiste à inoculer au sujet le virus atténué de la maladie dont on veut le défendre, la seconde, au contraire, consiste à lui inoculer les antidotes de cette maladie extraits du corps d’un animal préalablement vacciné. Nous avons déjà montré ce que les deux méthodes ont de commun. Pour classer les diverses maladies infectieuses, elles nous fourniraient un fil d’Ariane sans doute commode, mais qui paraît cependant d’autant moins utilisable qu’il est des maladies comme la peste, pour lesquelles on emploie l’un ou l’autre procédé, et qu’il en existe aussi comme la fièvre typhoïde, pour lesquelles on emploie des procédés qui relèvent à la fois de la vaccination et de la sérothérapie.


Je crois donc plus commode d’employer un autre mode de classification, et de distinguer dans les maladies microbiennes celles où les ravages sont causés par le microbe lui-même et liés à sa présence, et celles où le microbe n’agit qu’indirectement et par les produits toxiques qu’il élabore. Dans la première classe on peut ranger la peste, la dysenterie bacillaire, la méningite cérébro-spinale ; dans la seconde, la diphtérie, le tétanos. Nous y joindrons l’empoisonnement par les venins, — parce que, grâce surtout aux travaux de Calmette, il relève aujourd’hui de la thérapeutique pastorienne, et nous prouve merveilleusement que même les troubles morbides étrangers à toute origine microbienne peuvent relever de cette thérapeutique.


Les méfaits qu’a commis la peste, « ce mal qui répand la terreur, » forment dans l’histoire une sombre série qui n’est malheureusement point close. Longtemps on ignora la cause de cette terrible maladie. La Fontaine nous a narré joliment comment la cour du roi Lion, érigée en Haute Cour, en délibéra, et comment, déplorable victime d’une erreur judiciaire, l’âne fut reconnu coupable. Deux siècles environ devaient s’écouler avant qu’on mît la main sur « le pelé, le galeux, d’où venait tout le mal, » et qui est d’une apparence encore bien plus inoffensive que maître Aliboron. C’est un vulgaire bacille découvert par un élève de Pasteur, M. Yersin, en 1894, dans