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Pour la plupart de leurs derniers voyages en Italie, M. et Mme André avaient reçu les conseils de Charles Yriarte, qui, par des lettres fréquentes, les suivait dans leurs pérégrinations et leur indiquait les bons endroits. La correspondance qu’il entretint avec eux, lors de la mort de sir Richard Wallace, nous révèle la désillusion qu’ils éprouvèrent en voyant, par le testament, échapper à la France une admirable collection dont on avait pu espérer, au moins, l’héritage partiel. Ce furent aussi Yriarte, Courajod et Müntz, qui, après le décès d’Edouard André (16 juillet 1894), encouragèrent le plus fréquemment et chaleureusement sa veuve à poursuivre l’œuvre commencée. Ce sont, du moins, les conseillers dont les noms se retrouvent, jusqu’à leurs morts, le plus souvent dans les archives.


IV

Dans les premières années du deuil, naturellement, il n’entra rien ou presque rien dans l’hôtel silencieux ; mais à partir de 1897, et durant les années suivantes 1898, 1899, 1900, 1901, c’est avec une activité nouvelle que Mme André fait, souvent en bloc, dans ses voyages à l’étranger, ou dans les ventes parisiennes, les acquisitions les plus importantes pour combler les lacunes qui l’inquiètent soit dans le décor du XVIIIe siècle des cabinets et salons d’habitation et réception, soit dans la série des sculptures et des peintures de la Renaissance italienne, auxquelles elle réserve toutes les galeries supérieures.

En 1901, elle estimait son Musée déjà assez riche pour demander à quelques conservateurs des Musées Nationaux ou membres de l’Institut la préparation d’un catalogue en rapport avec sa valeur esthétique et historique. A la suite d’un certain nombre de réunions préparatoires, ce projet, pour lequel avaient été déjà préparées de coûteuses illustrations, fut abandonné ou ajourné sans qu’on en connût les motifs. Peut-être Mme André croyait-elle, sur certains points, l’œuvre encore incomplète. En effet, dans les années suivantes jusqu’à sa mort, c’est avec plus d’ardeur que jamais, avec une sorte de précipitation, qu’elle recherche toute occasion d’enrichissement.

En même temps, c’est elle qui se consacre, tout entière, à la grande œuvre, la plus nécessaire pour de tels ensembles, celle de la mise en place. Elle est de plus en plus guidée par le souvenir