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exemple, que les remarquables dons de lord Kitchener ne soient point inutilisés.

En revanche, fidèle à l’exemple de ses grands-parens, ce marin a lutté avec ténacité pour rétablir, sinon en droit, du moins en fait, le contrôle du Souverain sur les forces de terre et de mer, dont la puissance est la condition première de toute diplomatie agissante et respectée. Jamais Edouard VII n’eût songé, dès les premiers jours de son avènement, à s’installer avec la reine Alexandra, pour toute une semaine, dans les trois petites pièces du pavillon royal, à Aldershot. Au mois de juillet 1910, le nouveau Roi profite de ce que le camp d’instruction est sous les ordres du général sir Horace Smith-Dorrien, avec qui, quelques années auparavant, il avait discuté des problèmes de la défense et suivi les manœuvres des troupes indiennes, pour faire une retraite, dans ce cloître militaire. Rien n’est changé au programme : ni revues, ni escortes. George V suit de près l’entraînement progressif de la 3e brigade. Il assiste aux tirs. Il vérifie les cibles. Son attention se porte sur tous les détails de la vie militaire : il examine le nouvel équipement, que portent les Royal Dublin Fusiliers, fait sortir les soldats du rang, les examine et les interroge. Les obusiers du dernier modèle attirent sa curiosité : il se fait expliquer leur maniement et leurs caractéristiques.

Les journaux, le Morning Post en particulier, par la plume de à F. Prévost Battersby, ne manquent pas de souligner ce que cette intervention a de significatif. Ils voient « dans le rétablissement des contacts étroits, qui rapprochaient jadis l’armée de la Couronne, » un remède contre l’influence des coteries, une garantie pour la réalisation des réformes nécessaires et la diffusion d’un esprit nouveau. Cette semaine de juillet 1910 n’est point restée sans lendemain. Le 15 mai 1912, le Roi et la Reine s’installent, de nouveau, à Aldershot, et George V procède à une seconde inspection, avec la même minutie. Il ne se borne pas à distribuer des étendards, il rédige pour chaque régiment un bref historique. Il n’assiste pas uniquement à des évolutions contre un ennemi figuré, il examine dans le détail l’armement de l’artillerie (14e et 31e brigades, et les sections de projecteurs).

Sur terre, il surveille. Sur mer, il commande. Pas une année de Bon règne ne s’écoule sans qu’il hisse sur un cuirassé son pavillon d’amiralissime. Au mois de juillet 1910, il quitte