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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/642

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le gouverneur général, que de sophistications du suffrage universel n’aurions-nous pas à relever et à flétrir ! L’expression de la volonté nationale a été faussée, pour ne pas dire avilie : dans ces conditions, les résultats électoraux ne peuvent être ni décisifs, ni concluans. La Chambre nouvelle n’est pas l’image exacte et fidèle du pays. Ses résolutions ne pourront pas, comme elles devraient le faire, imposer le respect à tous les citoyens.


Cependant cette Chambre existe ; elle va décider, pendant quatre années et pour une large part, des destinées du pays. Elle pourra permettre à certains ministères de vivre et en empêcher d’autres de gouverner. Elle fera des lois que le Sénat pourra ajourner ou amender, mais qu’il ne pourra pas toujours repousser. De quels élémens se compose-t-elle ? Quelles sont les majorités qui pourront s’y former ? Quels projets de loi pourront y être discutés et votés ?

Nous ne pouvons répondre à ces questions par les statistiques officielles et inexactes dont les journaux sont remplis. Pour connaître l’opinion des nouveaux députés, il ne faut pas se borner à lire leurs professions de foi, si difficiles parfois à comprendre ; il faudrait savoir ce qu’ils pensent : or beaucoup ne pensent qu’à une chose, c’est qu’ils sont nommés pour quatre ans et qu’ils doivent s’efforcer d’être réélus. Toutefois nous possédons quelques élémens d’appréciation de nature à nous guider. Par exemple, il est certain que les socialistes comptent dans la nouvelle Chambre 103 membres, tous élus sur le même programme, sauf deux qui ont arboré la cocarde du parti ouvrier révolutionnaire. Il est acquis que le comité exécutif du parti radical et radical-socialiste unifié a donné son investiture à 254 candidats, dont 134 ont triomphé. Mais ces investis n’ont pas tous soutenu le même programme ; beaucoup ont réservé leur opinion sur la question de la durée du service militaire et sur la déclaration contrôlée du futur impôt progressif qui doit frapper tous les revenus et tous les capitaux. En revanche, un certain nombre de radicaux unifiés de l’ancienne Chambre n’ont pas demandé le patronage de la rue de Valois, qui leur semblait compromettant : on peut toutefois les ranger dans la même catégorie que les candidats officiels du parti. Enfin il faut ajouter aux radicaux les républicains socialistes qui votent avec eux et sont au nombre de 13. En faisant le total des