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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/644

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Une autre majorité pourrait encore se former si les radicaux et les membres de la Fédération des Gauches, réconciliés après la bataille où ils se sont porté, des coups si rudes, s’entendaient pour soutenir un ministère de « large concentration républicaine » qui n’aurait plus besoin du concours des socialistes. Cette majorité, un peu moins divisée que la précédente, pourrait à la rigueur, — mais ce n’est pas sûr, — se mettre d’accord sur le problème financier : elle ne le serait pas du tout sur la réforme électorale, un peu négligée par les socialistes qui, d’ailleurs, s’empresseraient de la défendre le jour où l’on tenterait de gouverner sans leur consentement.

Enfin il ne serait pas impossible qu’une majorité, composée des radicaux les moins intransigeans et de tout le Centre de la Chambre, pût se former sous l’impulsion de la Fédération des Gauches. Après tout, M. Briand et ses amis ont remporté une victoire morale, puisqu’ils ont obligé un nombre considérable de leurs adversaires à s’inspirer de leurs idées. En manœuvrant avec habileté, — car les manœuvres parlementaires sont aussi nécessaires que les manœuvres électorales, lorsque les partis ne sont pas disciplinés, — un ministère, présidé par M. Briand ou par M. Delcassé, ne serait nullement incapable de vivre. Et, pour conclure, nous dirons que les deux dernières hypothèses semblent pouvoir se réaliser plus aisément que la première. Mais la vérité est que toutes les combinaisons pourront être tour à tour essayées, abandonnées et reprises ; qu’aucune majorité durable ne pourra se constituer et que, vraisemblablement, les crises ministérielles se succéderont comme sous la législature précédente, tous les ans, sinon tous les six mois.


Quelle a été, d’autre part, la réponse du pays aux trois questions principales qui lui ont été posées ? Nous avons eu la patience de lire la plupart des professions de foi des nouveaux élus qui ne sont point, du reste, d’une parfaite lucidité ; beaucoup sont volontairement équivoques, d’autres insignifiantes. Il ne résulte pas moins de nos recherches attentives que la victoire du parti radical n’est point aussi complète qu’il le proclame. Sur la question de la durée du service, 140 députés se sont prononcés pour une réduction immédiate à deux années et 135 environ pour un allégement progressif : ceux-ci ont dû reconnaître qu’il fallait « procéder par étapes, » organiser tout