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comme de celle qu’on est en droit d’attendre du nouveau pontificat, on peut espérer ces deux biens : le rétablissement des rapports avec Rome, un statut pour l’Eglise de France. Quand ce statut verra le jour, il faudra dire que l’attitude et la soumission des catholiques, leurs efforts méritoires dans une position difficile, auront contribué à le préparer. Et Pie X, qui, à maintes reprises, a protesté de son amour pour la France, lui aura rendu le service de fondre au creuset de l’épreuve, par son inflexible fermeté, les forces résistantes et vivaces du catholicisme français.


Parmi tous les pays du monde où s’est exercée l’action du pontificat de Pie X, nous noterons, quoique trop brièvement, l’importance et les difficultés particulières qu’ont présentées les affaires de l’Allemagne. Pour les longs antécédens qui expliquent les récentes affaires catholiques allemandes, il n’est pas besoin de rappeler ici la série si complète et minutieusement documentée des fortes études de M. Georges Goyau. Pie X a trouvé le Centre qu’avait trouvé Léon XIII. Il l’a trouvé plus fort en tant que parti politique. Il a trouvé chez les catholiques un particularisme plus vigoureux et plus développé qu’ailleurs. Il a trouvé l’impérialisme allemand, cette ardeur d’expansion, ce besoin de conquêtes qui, dans un pays en majorité protestant, ont employé aussi l’élément catholique à satisfaire les instincts de domination de l’Allemagne.

Des questions générales que posait partout le pontificat de Pie X se posaient ici d’une façon spéciale et elles ne s’y résolvaient pas toujours comme ailleurs. C’était par exemple la question de la confessionnalité des syndicats ouvriers qui mettait aux prises les deux tendances dites de Berlin et de Cologne, celle-ci la plus forte et la plus étendue représentant la politique du Centre et ces syndicats mixtes ou « chrétiens » qui permettaient aux ouvriers catholiques de s’associer avec des protestans. Pie X devait naturellement favoriser la tendance intransigeante, celle des syndicats exclusivement confessionnels ; il a été obligé de ne pas le faire d’une manière absolue, et de déclarer plusieurs fois que, s’il préférait les autres, il ne condamnait pas les syndicats mixtes.

Les mesures prises par le pontificat de Pie X contre le « modernisme »