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a jugé que cette raison de salut public justifiait son intervention. Il a déclaré qu’il assurait les quatre cinquièmes de la coque et de la cargaison des navires, moyennant une prime de 5 p. 100.

L’amirauté anglaise se considérant comme certaine de conserver la maîtrise des mers et d’assurer la libre circulation de ses navires marchands, de ceux de ses alliés et des neutres, il est possible que l’activité continue à régner et que le mouvement des transactions se maintienne. La Grande-Bretagne profitera de l’arrêt complet du commerce ennemi ; une partie des navires marchands allemands a été capturée ; la majorité en est enfermée dans des ports d’où ils ne peuvent sortir. Il est vrai que, d’autre part, un certain nombre de navires anglais se trouvaient, au moment de la déclaration de la guerre, dans des ports allemands, où ils ont évidemment été saisis. Mais » la route des mers est libre pour les armateurs anglais. Aussi le Gouvernement britannique a-t-il pu réduire le taux de son assurance, qui était primitivement de 5 pour 100, d’abord à 4, puis à 3 pour 100 [1]. Il est à remarquer que ces taux sont supérieurs à ceux du marché libre, où les navires peuvent être assurés à environ 1 pour 100 de moins qu’auprès du Gouvernement. Celui-ci d’ailleurs a atteint son but, qui était de fixer une limite maximum, en deçà de laquelle la majorité des contrats se concluraient. Certains armateurs ont préféré payer plus cher pour avoir la garantie du Trésor : mais ce fut l’exception ; ceux qui y ont recours soumettent à l’approbation de l’Amirauté le plan de voyage de leurs navires. Le résultat obtenu est que le marché des assurances maritimes, qui joue un rôle si important dans la vie économique anglaise, a retrouvé son équilibre.

Le commerce extérieur de la Grande-Bretagne, qui, en 1913, a dépassé 34 milliards de francs, se répartissait comme suit : avec les Puissances européennes actuellement engagées dans la guerre, il s’élevait à 9 milliards de francs, tandis qu’avec les autres pays, y compris les colonies des belligérantes, il dépassait 25 milliards. Pour l’Allemagne, la proportion du commerce avec

  1. Les taux ne sont pas exactement de S, 4 ou 3 pour 100, mais de 5, 4 ou 3 guinées pour 100 livres sterling. La guinée est une vieille monnaie, qui ne sert plus qu’à établir des comptes : elle vaut uu vingtième de plus que la livre (21 shillings au lieu de 20). Par conséquent un taux de 5 guinées par 100 livres représente exactement 5,25 pour 100.