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Sur cette somme, ont été prélevés les 10 millions de livres (250 millions de francs) que l’Angleterre a avancés à la Belgique pour aider ce vaillant pays à supporter une partie des frais de la guerre. Le gouvernement français, dit-on, a agi de même.

Dès maintenant, le Chancelier de l’Echiquier, M. Lloyd George, étudie l’émission d’un premier emprunt qui ne tardera sans doute pas à être offert en souscription publique. Même après cette création de dette, la charge en capital de la nation sera inférieure à ce qu’elle était en 1815, et la charge en intérêt ne dépassera pas de beaucoup la moitié du chiffre d’alors. C’est la récompense de la belle politique financière à laquelle tous les cabinets qui se sont succédé au pouvoir depuis la fin des guerres napoléoniennes, sont restés fidèles.

Le budget anglais a suivi, depuis le début du XXe siècle, une marche semblable à celle de la plupart des budgets européens. Peut-être même l’accélération des dépenses y a-t-elle été plus rapide qu’ailleurs. Depuis la guerre du Transvaal, le chiffre en a été plus que doublé. Les prévisions pour l’année financière s’étendant du 1er avril 1914 au 31 mars 1915, soumises au Parlement le 4 mai dernier, atteignaient 200 millions de livres sterling, c’est-à-dire 5 milliards de francs. Et il faut remarquer qu’en dehors des postes, télégraphes et téléphones, la Grande-Bretagne n’a aucune de ces exploitations d’Etat, dont les besoins, chez d’autres nations, grossissent singulièrement les budgets. Le chapitre principal est celui de la marine, qui a toujours été maintenu, avec une énergie que nous apprécions aujourd’hui, à une hauteur telle que la suprématie navale de la Grande-Bretagne ne peut être mise en question. Les recettes se partagent à peu près également entre les impôts directs d’une part, les taxes de consommation et les droits de douane de l’autre. Ces derniers frappent un très petit nombre d’objets, tels que les spiritueux, le thé, le sucre, le tabac ; ils ne touchent aucune matière première, aucun objet fabriqué, aucune denrée d’alimentation essentielle, telle que le blé et la viande ; ils rapportent néanmoins près d’un milliard de francs. Les droits intérieurs sur l’alcool et la bière fournissent une somme à peu près égale.

Au premier rang des contributions directes, figure l’impôt sur le revenu, remanié à plusieurs reprises, au cours des dernières années ; une distinction a été établie au point de vue de