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l’exemple que leur donne le gouvernement français et s’ils y mettent la même loyauté que lui.

Toutes ces pièces n’ont pas la même importance. Si les unes nous révèlent les vues des gouvernemens, leurs variations et l’état d’âme des souverains et des hommes d’Etat, à l’heure où elles ont été écrites, il en est d’autres qui ne reflètent qu’une impression plus ou moins accidentelle et fugitive, recueillie au passage, résultant d’une chose vue ou d’une parole entendue, qu’effacera celle du lendemain et qui, sans influence sur les événemens, n’a de prix pour l’histoire que parce qu’elle éclaire les phases successives par lesquelles ils ont passé avant de se dénouer. En outre, plusieurs de ces documens ont été utilisés déjà dans des ouvrages antérieurs et ne sont plus pour nous une nouveauté. Mais, quel que soit leur degré d’intérêt et d’importance, leur réunion dans leur ordre chronologique en rend la lecture singulièrement suggestive, en ce sens qu’en nous rappelant des souvenirs aussi douloureux pour nous qu’inoubliables, elle les précise et y répand la lumière au profit de la vérité : c’est en cela que l’ouvrage dû à l’initiative de M. Stephen Pichon et mis sur pied par la commission ministérielle, constitue un trésor documentaire d’une valeur incontestable.

En tête du premier volume et à la suite du rapport adressé par le ministre au Président de la République, s’en trouve un autre qui lui a été adressé à lui-même par les membres de la Commission. Ils y exposent d’abord l’embarras qu’ils ont éprouvé lorsqu’ils ont voulu assigner une date précise aux origines de la guerre et les raisons pour lesquelles ils les ont placées à la fin de l’année 1863, et au commencement de l’année 1864, c’est-à-dire au début des péripéties dont les duchés de l’Elbe furent la cause et le théâtre. Bien que ces péripéties soient encore présentes à toutes les mémoires, il y a lieu de les résumer ici brièvement, afin de rendre compréhensible ce qui va suivre.

En 1852, cédant à la nécessité de mettre un terme aux conflits qui s’étaient élevés depuis trop longtemps dans le Schleswig et le Holstein incorporés à la Confédération germanique, quoique faisant partie du royaume danois, les grandes Puissances réunies à Londres avaient signé, le 8 mai, un traité par lequel, après avoir obtenu du souverain de ce pays la promesse de réformes intérieures que commandait la justice, elles adoptaient et prenaient sous leur protection le principe de