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Fùt-il démontré que, sous le second Empire, il y a eu une diplomatie occulte, la responsabilité du gouvernement impérial telle qu’elle est établie aujourd’hui n’en serait pas plus aggravée qu’elle ne serait diminuée par la preuve contraire.

Quant aux fautes commises, il faut en faire deux parts : d’un côté, celles que nous constatons dès le début de la crise des duchés de l’Elbe, de l’autre, celles qui, à la veille et au lendemain de Sadowa, vinrent ajouter de nouveaux périls à tous ceux que nous avaient déjà créés les ambitions de la Prusse. De cette seconde part, nous n’avons pas à nous occuper ici, la publication du ministère des Affaires étrangères s’arrêtant au moment où les défaites de l’Autriche vont imposer au gouvernement impérial de nouveaux devoirs et où il n’est que trop certain qu’il n’en a pas entrevu !a nécessité, ou que, s’il l’a entrevue, il ne s’y est pas conformé. Reste donc la première part et, pour celle-ci, il serait contraire à toute équité de ne pas reconnaître que le gouvernement impérial n’a pas été seul responsable de l’abstention qui a été observée et que, s’il a eu le tort de ne pas donner aux autres gouvernemens l’exemple de la décision et de la fermeté, ils ont tout fait pour lui faire entendre qu’ils ne le suivraient pas dans les voies coercitives. Assurément, il répugnait à y entrer ; mais, peut-être, s’y serait-il décidé, s’il avait pu espérer le concours de l’Angleterre ou celui de la Russie. La certitude que ce concours lui ferait défaut a certainement encouragé ses dispositions et contribué à l’engager dans l’attitude qu’on lui a vu prendre.

Cette attitude est exposée tout au long dans la circulaire que, le 12 février 1864, le ministre des Affaires étrangères de France adressait à nos agens diplomatiques pour leur rappeler la conduite qu’avait tenue le gouvernement impérial dès l’ouverture du conflit. « Sa politique, disait-il, a été constamment une politique de conciliation et de paix. S’inspirant à la fois de ses sympathies anciennes pour le Danemark et des ménagemens qui lui semblaient dus au sentiment national de l’Allemagne, il a prêté les mains à toutes les tentatives d’arrangement. À défaut du congrès qu’il avait proposé sur la situation générale de l’Europe, il a accepté l’idée d’une conférence proposée par le gouvernement anglais et d’un armistice qui aurait eu pour effet de maintenir le statu quo politique et militaire pendant la durée des négociations, lequel aurait eu pour effet de suspendre la