Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 23.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cet automne à la rue de la Paix. Nous avons tort de dire les Américains : car beaucoup d’entre eux, et leurs ambassadeurs à leur tête, sont restés parmi nous, donnant ainsi un admirable exemple de solidarité internationale et d’attachement à notre pays. S’ils contribuent largement aux œuvres d’assistance organisées à Paris, ils ont sans doute suspendu ou ralenti leurs achats d’objets d’art, de toilette, de tout ce qui sert à embellir la vie sans lui être indispensable. Sous ce rapport, ils auront donc moins d’argent à faire venir de chez eux. Mais ils ont des engagemens à remplir, des coupons à payer aux détenteurs européens des obligations et des actions de chemins de fer, de compagnies industrielles, de sociétés de toute nature. Outre les coupons, ils ont à rembourser les titres amortis et aussi les effets à court terme qui, durant les dernières années, ont été placés en Europe par les municipalités, les entreprises de diverse nature. C’est ainsi qu’un montant considérable de Bons de la Ville de New-York arrive prochainement à échéance. Comme les porteurs européens seront sans doute peu disposés à les renouveler, il y aura lieu d’envoyer les fonds.

Cette perspective de remises importantes à faire à Londres et à Paris, au cours de l’automne, a été l’une des raisons des inquiétudes conçues à New-York dès la fin du mois de juillet. Une autre circonstance menaçante pour cette place résultait de ce que beaucoup de porteurs européens de valeurs mobilières américaines ont cherché, dès la première heure de la panique, à se débarrasser de leurs titres sur le marché qui semblait devoir absorber leurs offres. Mais celles-ci se sont produites en quantités telles que la Bourse a dû être fermée. Cette suppression des transactions a protégé l’Amérique contre une inondation de titres qu’elle eût éprouvé quelque peine à absorber d’un seul coup : elle a privé peut-être ses capitalistes de l’occasion d’acquérir à très bon marché des valeurs qu’à d’autres époques ils avaient vendues à des prix plus élevés.

De toute façon, l’arrêt des échanges de titres dans une ville comme New-York, où il s’en négocie parfois plus d’un million par jour, entraîne des inconvéniens sérieux. Il est probable que c’est une des Bourses, parmi toutes celles qui ont fermé leurs portes, qui les rouvriront le plus tôt.

Cela est d’autant plus vraisemblable que le commerce extérieur devrait rapidement reprendre son activité. Les exportations