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pour le consommateur, ce cours représente un gros rendement pour le fermier [1].

En attendant qu’ils redeviennent créanciers de l’Europe, les Américains ont expédié à Ottawa de l’or, que le ministre des Finances canadien y reçoit pour compte de la Banque d’Angleterre. En même temps se réunissait à Washington un comité composé du secrétaire de la Trésorerie Mac Adoo, du contrôleur de la circulation William, de M. Paul Warburg, membre du Conseil central des Banques fédérales de réserve, de M. Morgan, pour étudier le moyen de conserver le métal jaune en Amérique. On calcule que les dettes des Etats-Unis à payer en Europe d’ici à trois mois, s’élèvent à 130 millions de dollars, mais que d’autre part les exportations doivent les rendre créditeurs d’une somme beaucoup plus forte. La véritable façon de retenir l’or est donc de donner aux négocians toutes facilités pour expédier au plus vite leurs marchandises. C’est pourquoi le cabinet de Washington a envisagé l’idée d’acheter des navires, de les affréter, de les mettre à la disposition des chargeurs et de les assurer, à l’instar de ce qu’a fait le Gouvernement anglais. On estime, à la Maison Blanche, qu’une somme de 25 millions de dollars serait nécessaire à cet effet : les bâtimens, acquis par un comité composé du Président et de trois fonctionnaires, seraient loués à des sociétés qui travailleraient sous la surveillance du Gouvernement ; les conditions seraient analogues à celles dans lesquelles opère la Compagnie du chemin de fer de Panama, qui exploite également des transports maritimes. Quant à l’assurance, on créerait à Washington, à la Trésorerie, un bureau des risques de guerre, qui serait doté de 5 millions de dollars et qui cesserait de fonctionner dès que la paix sera rétablie.

Ces projets soulèvent d’ailleurs, dans certains milieux, de très vives critiques. Beaucoup d’Américains demandent pourquoi le Trésor achèterait, à des prix probablement très supérieurs à ceux que des particuliers seraient disposés à payer en ce moment, des navires étrangers, et surtout des vaisseaux appartenant à l’un des belligérans. Quelle raison y a-t-il pour

  1. Le quarter anglais contient 480 livres et correspond à 2 hectolitres 90. Le prix de 36 shillings (45 francs) représente 15 fr. 50 par hectolitre ou environ 19 fr. 40 par quintal. Quand on compare le cours de Londres à celui de Paris, il ne faut pas oublier que le blé n’est frappé d’aucun droit de douane à son entrée dans le Royaume Uni, tandis qu’en France il acquitte une taxe de 7 francs par quintal.