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égard : « Un salaire qui lui permette de vivre est aussi nécessaire à un chemin de fer qu’à un individu. Un transporteur qui ne reçoit pas assez pour couvrir ses frais et obtenir en outre un bénéfice assez considérable pour attirer le nouveau capital nécessaire aux travaux d’amélioration et d’extension, ne saurait rendre de services permanens correspondant aux besoins du public. »

En présence du mouvement probable qui va ramener aux Etats-Unis un grand nombre de titres de chemins de fer que leur vendront les capitalistes européens, il est vraisemblable que les bonnes dispositions de la Commission s’accentueront. Elle sera d’autant plus favorable à un traitement équitable des obligataires et des actionnaires que ceux-ci comprendront une plus forte proportion de ses nationaux.


III

L’une des caractéristiques des crises financières, particulièrement à New-York, c’est la raréfaction soudaine des instrumens de paiement. En 1907, lors de la dernière panique, on paya jusqu’à 4 p. 100 de prime, non seulement pour les espèces métalliques, mais même pour les billets. A la suite de ces événemens, le législateur se préoccupa d’éviter le retour de semblables difficultés : il autorisa la création, en cas de besoin, d’une circulation exceptionnelle. Le Congrès vient d’élargir encore les prescriptions de la loi Aldrich-Vreeland, qui avait été votée à cet effet en 1908 et qui a maintenant été prorogée jusqu’au 30 juin 1915. Des billets supplémentaires pourront être remis à toute banque nationale, toute banque d’Etat particulier, toute compagnie de trust, pour un montant égal à 125 pour 100 de son capital et de ses réserves. Ces billets sont gagés par des titres autres que les rentes fédérales qui forment la garantie légale de leur circulation normale : 5 pour 100 de leur montant doit être déposé en or à la Trésorerie. Les banques qui les reçoivent paient au Gouvernement un intérêt qui s’élève de 3 à 6 pour 100 l’an. Au 1er septembre 1914, il en avait été émis pour 175 millions de dollars [1].

  1. Bien que le Canada fasse partie de l’Empire anglais, ses relations économiques avec les États-Unis sont plus importantes qu’avec la mère-patrie. Un aperçu des mesures prises à Ottawa à l’occasion de la guerre trouve donc sa place naturelle ici. Le gouvernement a demandé au Parlement l’autorisation d’augmenter de 15 millions de dollars la faculté d’émission de billets d’État non couverts par une encaisse d’or, et de la porter à 37 millions et demi de dollars. En même temps, des impôts nouveaux ont été établis, qui doivent fournir 12 millions de dollars par an ; l’autorisation d’emprunter 36 millions a été accordée au Gouvernement.