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Un examen de la situation des neuf principales banques berlinoises à la date du 31 décembre 1913 nous apprend que leur capital actions s’élevait alors à 1 250 millions de marks, et les réserves à 385 millions. Dans les élémens de l’actif, on distinguait les disponibilités immédiates et les disponibilités réalisables rapidement. Les premières se composent des espèces, des coupons échus, des soldes créditeurs à la Reichsbank et chez les autres banques, des effets escomptés, des fonds nationaux. Les secondes comprennent les reports, les avances sur titres et sur marchandises et les titres autres que les rentes indigènes. Les premières représentent 43, les secondes 19, au total 62 pour 100 des engagemens ; leur total est d’un peu plus de 4 milliards de marks, en face de 6 milliards et demi de dépôts et de comptes créditeurs. Dans l’ensemble, la situation marquerait un certain progrès sur celle de 1912 : les disponibilités avaient légèrement augmenté.

Un coup d’œil jeté sur le bilan de la plus importante de ces banques, la Deutschebank (Banque allemande), au 31 décembre 1913, et sur le dernier rapport, nous donnera une idée de la façon dont travaillent ces établissemens. Après sa fusion avec la Bergisch-Märkischebank, la Deutschebank aura un capital actions de 250 millions et des réserves de 175 millions ; elle disposera donc de ressources propres de 425 millions de mark, soit environ 530 millions de francs. Elle a reçu du public environ 1 500 millions de dépôts. Ce sont des chiffres comparables à ceux des plus grandes banques françaises et anglaises. L’activité de la Deutschebank, comme celle des autres établissemens allemands, est multiple. Loin de se confiner dans le rôle d’une banque de dépôts, à la manière des Jointstock banks de Londres ou du Crédit lyonnais, elle se porte sur tous les domaines ; elle est au plus haut degré une banque d’affaires ; elle sort même du terrain financier et économique pour obéir à des considérations essentiellement politiques. Le rôle qu’elle a joué en Turquie ne saurait être qualifié autrement. La construction et l’exploitation des chemins de fer, l’octroi de certaines avances, la conclusion d’emprunts ont eu pour but essentiel d’ouvrir de plus en plus le pays à l’influence allemande. D’autre part, quand elle s’est appliquée à l’étude du projet d’institution à Berlin d’un monopole du pétrole dans l’Empire, elle le faisait moins pour y récolter des bénéfices que pour répondre à un désir du gouvernement.