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les troupes allemandes qui s’étaient avancées, avant- hier et hier, jusque dans la région de Coulommiers et de la Ferté-Gaucher, ont dû, dans la soirée d’hier, marquer un mouvement de recul. » Je me permets d’ajouter qu’à en croire des nouvelles plus récentes, nos succès vont s’élargissant et qu’on a de bons motifs d’espoir pour la bataille qui continue.

C’est qu’en effet, depuis trois jours, je sens la confiance m’envahir, non plus seulement la confiance au succès final, que j’ai toujours éprouvée, mais la confiance aux victoires prochaines, à la déroute de l’armée allemande sans qu’elle atteigne Paris, au plus tard devant Paris même. Cela vient, peut-être, de ce que je reçois plus d’informations, grâce à notre chef de transports. Peut-être aussi dois-je cet optimisme à une atmosphère où se respire de plus près l’esprit des batailles Je comprends mieux le sens et la portée de ce qu’on nous répète de toutes parts, que le moral de l’armée est excellent. S’il demeure tel que je le constate maintenant par nos blessés, par nos ambulanciers, par moi-même, le triomphe est assuré. Il n’est pas possible que le moral des Teutons soit le même, depuis six semaines qu’ils marchent sans repos ni trêve en pays ennemis, nuit et jour harcelés par un adversaire dont on leur avait inspiré le mépris, et alors qu’ils doivent renoncer à l’entrée promise et attendue dans cette ville fascinante de Paris. Et puis, comment faire durer le mensonge formidable de la coopération italienne, de la neutralité anglaise, de l’amitié belge ? Ils ont bien dû se rendre compte, si Allemands soient-ils, de l’accueil des Belges ; ils ont bien dû reconnaître, fût-ce parmi les morts ou les prisonniers, des soldats de l’Angleterre !


8 septembre.

Je reviens d’une-visite à notre salle d’Anglais. L’un d’eux réclamait sa médaille militaire déposée au coffre-fort, et qu’il craignait d’avoir perdue ; il était sérieusement inquiet : j’ai eu grande joie à la lui rendra Tous nos blessés, dans leurs lits confortables, et entourés ut soins parfaits, semblent mieux qu’hier.

J’ai eu des nouvelles. Elles paraissent bonnes et sont, en tout cas, des plus importantes. La grande lutte est vraiment engagée, comme le donnait à entendre le communiqué de ce matin. Elle s’étend de la région de Meaux à la place de Verdun,