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à la moyenne 1901-1910, nos importations ont augmenté et se sont élevées à ! millions de quintaux.

Comme l’année 1914 est, nous l’avons dit déjà, une année de récolte moyenne, nos achats devront atteindre également 7 ou 8 millions de quintaux. Si, comme nous le pensons, les pertes subies dans les régions envahies représentent 9 à 10 pour 400 de la production française, c’est-à-dire 10 millions de quintaux au maximum, il nous suffira, pour rétablir l’équilibre, d’importer une quantité égale. Nos achats à l’étranger ne dépasseront donc pas 17 ou 18 millions de quintaux. Ce chiffre est inférieur à celui que l’on relève pour les entrées de froment étranger en 1911 à la suite de la mauvaise récolte de 1910. Or personne n’a souffert de la disette en France durant l’année 1911, et les cours n’ont jamais dépassé 30 francs par quintal. La liberté du commerce maritime nous étant garantie dès à présent, et les Etats-Unis, le Canada, l’Argentine, l’Inde, l’Egypte étant capables de fournir aisément l’appoint nécessaire pour assurer notre approvisionnement, il n’est pas défendu d’envisager avec le plus grand calme la situation du marché du blé.

En est-il de même pour d’autres produits agricoles de grande consommation qui sont indispensables à l’alimentation ou à l’industrie ?

Voici, par exemple, les pommes de terre. Ce tubercule joue un rôle des plus importans dans la vie de chaque ménage, et plus spécialement dans la vie de chaque famille pauvre. Suivons la méthode déjà adoptée pour nous rendre compte de la situation présente. En calculant, d’après les statistiques officielles de 1912, la production des départemens envahis, on arrive au chiffre de 20 millions de quintaux, représentant 13 pour 100 de la récolte française.

Ici, toutefois, nous nous trouvons en présence d’une situation spéciale très différente de celle qui se rapporte aux céréales. Les crains étaient récoltés, ou du moins blés, avoines, orges, etc., étaient « sur pied » au moment de l’invasion. L’ennemi a pu voler, incendier, et le passage des troupes sur les terres encore couvertes de récoltes a complété l’œuvre de destruction. Il n’en a pas été de même pour la pomme de terre dont l’arrachage n’a lieu qu’en septembre, voire à la fin de septembre.

Les bandes allemandes ont eu d’autres préoccupations que celle d’arracher des pommes de terre, et, en tout cas, fantassins