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aux agriculteurs la main-d’œuvre qui pourrait être disponible sur certains points, et en centralisant, tout à la fois, les demandes et les offres.


En résumé, la production d’origine animale doit suffire en ce moment aux exigences de la consommation, malgré les pertes déjà subies dans nos régions envahies, et en dépit des difficultés redoutables que présente la solution du problème de la main-d’œuvre.

Après avoir parlé ainsi du présent, il nous faut toutefois envisager l’avenir et nous préoccuper notamment des nécessités de la culture en vue de préparer la récolte de 1915.


LA SITUATION AGRICOLE ET LA FUTURE RÉCOLTE

A cette heure, la production agricole suffit, croyons-nous, aux besoins de la consommation, et l’approvisionnement général est assuré pendant neuf ou dix mois. Rien de plus heureux assurément, mais il est nécessaire de songer à un avenir plus éloigné. L’agriculture doit préparer et assurer longtemps à l’avance la récolte de l’année suivante. Que va-t-on faire, que pourra-t-on faire pour veiller à ce que la production de 1915 soit suffisante et pour épargner à la France une disette en 1916 ? Le problème est assez important pour qu’il soit indispensable de le poser nettement et de l’étudier.

Certes, le public est souvent mal informé quand il s’agit d’agriculture, mais personne n’ignore cependant qu’une terre ne produit qu’à la condition d’être « préparée, » d’avoir reçu des « façons culturales », et d’être ensemencée. Comment va-t-on précisément préparer le sol, le fumer, l’ameublir, l’ensemencer pour pouvoir récolter l’an prochain ? Il ne s’agit pas de besogne qu’on puisse ^différer sans risque de ruine, ou du moins sans grave péril. A la rigueur, les céréales d’automne peuvent être semées a la fin de l’hiver, mais c’est là un expédient déplorable. Le blé semé d’octobre à décembre est presque toujours meilleur que le froment semé en février et en mars. Les labours d’automne sont pour ainsi dire indispensables.

Remarquez-le, il ne s’agit pas d’une opération limitée à une faible surface. Pour le blé seul, il faut préparer six millions