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lande. Cette démonstration, dont le but exact reste énigmatique (car il ne pouvait guère être question d’une diversion stratégique en faveur de l’armée de la Prusse orientale), a pris fin sans qu’une véritable action militaire ait été engagée. On signale toutefois quelques sondages exécutés sur la côte[1].


Quoi qu’il en soit, on commence dans les milieux avertis et compétens, en Angleterre aussi bien qu’en France, à se demander s’il n’eût pas été utile, sinon dès le début des hostilités, au moins lorsqu’on a eu la certitude que la flotte italienne ne jetterait pas dans la balance le poids de ses Julio Cesare et de ses Dante Alighieri, de donner franchement et énergiquement la main, dans la Baltique, à la force navale russe. Il eût fallu pour cela, d’abord s’entendre avec le Danemark, ensuite modifier d’une manière sensible la répartition d’ensemble des escadres mises en jeu. Supposons la première de ces deux conditions réalisée, — je vais y revenir tout à l’heure, — et l’accès de la Baltique devenu praticable après le dragage du Grand Belt ou la création d’un chenal de sécurité dans ce détroit, on pouvait assez aisément former une flotte combinée de la Baltique avec des élémens tirés, d’abord de la Home fleet, une fois ses deuxième et troisième échelons mobilisés, ensuite de la Mediterranean fleet, à laquelle on eût emprunté, par exemple, la 1re escadre de croiseurs[2], enfin des flottilles de patrouilles et des flottilles de défense locale, qui auraient facilement cédé une trentaine de contre-torpilleurs et torpilleurs de 1re classe, avec quelques sous-marins[3].

La marine française aurait été représentée, dans cette force navale, par une division, au moins, de ses croiseurs cuirassés du Nord et par quelques-unes de ses flottilles de la Manche,

  1. D’après certains renseignemens, l’opération aurait été plus sérieuse, plus significative. Le débarquement des troupes que portait le convoi aurait été tenté, mais sans succès. Si cela est vrai, nul doute qu’il ne s’agit d’inquiéter les Russes en arrière de leur flanc droit.
  2. 4 croiseurs cuirassés des types qui ont précédé les croiseurs Dreadnought. Ce sont le Defence (14 600 t.), les Duke of Edimburgh, Warrior et Black Prince (13 700 t.), tous bàtimens datant de 1905-1907 et portant 6 canons de 234 mm., outre beaucoup de pièces de calibre moyen.
  3. Les flottilles de patrouilles comptaient avant la guerre 86 « destroyers » et 52 sous-marins. Les flottilles de défense locale comptaient 22 « destroyers », 58 torpilleurs et 7 sous-marins. Á la vérité la plupart de ces petits bàtimens n’avaient que des effectifs réduits.