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Celui-ci rapporte [1] qu’en 1182, les Maronites, hérétiques depuis cinq siècles, auraient tout à coup abjuré leurs erreurs devant Aimery, Patriarche latin d’Antioche. Les intéressés ont toujours formellement protesté contre cette allégation. Tout au plus admettent-ils qu’un petit nombre des leurs, d’ailleurs excusables par leur isolement et les exemples dont ils étaient entourés, se soient, en toute bonne foi, ralliés pendant quelque temps à certaines hérésies qu’ils auraient repoussées dès que leur erreur leur fut apparue. Telle paraît être l’opinion du Saint-Siège, à en juger par les déclarations de nombreux Pontifes qui ont appelé les chrétiens du Liban leurs « fidèles serviteurs » conservés « comme des roses au milieu des épines, » leurs « fils les plus chers, » ceux qui « n’ont jamais chancelé dans leur foi. » Et il serait aisé de multiplier les citations de ce genre [2].

L’autorité pontificale prit d’ailleurs soin de faire examiner leurs croyances et leurs livres liturgiques par des théologiens qui se rendirent en Syrie à cet effet. Ce fut le but des missions confiées, dans le courant du XVIe siècle, au Franciscain François Surian et au Jésuite Jérôme Dandini, qui constatèrent tous deux l’attachement des Maronites au catholicisme romain. Plus tard, en 1736, se réunit au Liban, sous la présidence de Joseph Assemarii. Légat du Saint-Siège, un synode au cours duquel le rite, les privilèges et la constitution de leur Eglise furent nettement déterminés et précisés en un véritable code qui la régit encore.

La liturgie maronite est celle de saint Jacques l’apôtre, la plus ancienne des Eglises d’Orient. Bien qu’elle ait été quelque peu modifiée d’après la liturgie romaine, elle a conservé une forme particulière dans la façon de célébrer les offices, notamment par suite de l’usage particulièrement fréquent de l’encensement. Et surtout la langue syriaque, celle même que parlait le Christ, y est restée la langue sacrée, sauf pour l’évangile, toujours lu en arabe de façon à être facilement compris de tous les fidèles.

  1. Guillaume de Tyr, Histoire des Croisades. Livre XXII, chap. 8.
  2. Voyez, notamment, l’Église maronite, rapport de Mgr Hoyeck au Congrès Eucharistique de Reims, publié par l’Association de Saint-Louis des Maronites, 6, rue de Furstenberg, à Paris.
    Dans ses Opuscules Maronites (parus dans la Revue de l’Orient chrétien en 1899, p. 175), M. l’abbé Nau déclare que les Maronites sont les seuls parmi les catholiques orientaux qui puissent défendre leur perpétuelle orthodoxie.