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Ville de Paris a décidé l’émission de 140 millions de francs de Bons à un an d’échéance, rapportant 5 1/2 pour 100 d’intérêt : une partie de la somme servira à couvrir le déficit de 1914, et le reste à assurer l’équilibre en 1915.


IV

Il n’est pas possible de nous représenter encore ce que sera le budget de la France au lendemain de la guerre. Il est cependant du plus haut intérêt d’envisager dès maintenant certaines hypothèses qui nous permettent de juger sainement la situation et de ne pas nous effrayer outre mesure de l’énormité des dépenses de la guerre actuelle.

La ferme volonté manifestée par les trois Grandes Puissances de la Triple-Entente de ne pas s’arrêter avant d’avoir obtenu la victoire décisive, nous est un sûr garant que la paix ne sera pas un accord boiteux, un arrangement provisoire laissant tout en suspens, au lendemain duquel chaque pays reprendrait de plus belle la course aux armemens. S’il devait en être ainsi, ce serait une calamité nouvelle ajoutée à celles dont le monde souffre en ce moment. C’est en vain que tant de sang généreux aurait coulé et que la fleur de notre jeunesse eût été fauchée sur les champs de bataille. Il faut que les agresseurs soient mis hors d’état de renouveler leurs entreprises criminelles, et que, par suite, les budgets militaires de l’Europe soient réduits dans une notable proportion. S’ils devaient seulement être maintenus aux chiffres qu’ils atteignaient à la veille de la guerre, nous avouons que nous ne serions pas sans inquiétude sur la possibilité d’équilibrer les comptes de la France. Il ne faut pas perdre de vue que notre dette sera augmentée dans une proportion qu’il serait oiseux d’évaluer aujourd’hui, puisqu’elle dépend essentiellement de la durée de la campagne. D’autre part, tout en admettant que la somme à emprunter soit fortement réduite par le versement entre nos mains de l’indemnité de guerre à laquelle nous aurons droit, il y aura lieu de couvrir en partie par l’impôt les frais qui ne nous seront pas remboursés. La situation des contribuables se trouvera aggravée de ce chef.

Les frais de la lutte, nous l’avons dit, dépassent, pour la France seule, un milliard de francs par mois. A la fin de 1915, nous aurons donc dépensé de ce chef 17 milliards. Or, si l’on