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REVUES ÉTRANGÈRES

UN PANGERMANISTE D’IL Y A CENT ANS
LE FELD-MARÉCHAL VON GNEISENAU


Gneisenau, par le lieutenant-général W. von Unger, un vol. in-8o, illustré, Berlin 1914. — Die Befreiung (1813-1814-1815), documens publiés par T. Klein, Un vol. in-18, Ebenhausen, 1914.


Les récentes révélations de notre Livre Jaune touchant la longue préméditation allemande de la guerre sont venues m’expliquer, entre autres choses, le zèle extraordinaire avec lequel, depuis deux ans, toute l’Allemagne a été invitée et encouragée à commémorer solennellement ses luttes nationales d’il y a un siècle. Le fait est que, depuis le début surtout de la présente année 1914, c’est par centaines que l’on a vu surgir, chaque mois, des volumes de tout format et de tout caractère, souvent ornés d’abondantes images, et qui, — moyennant un prix d’un bon marché à peine croyable, — sous couleur de rappeler au public allemand sa glorieuse « délivrance » de la « tyrannie » de Napoléon, ne tâchaient vraiment qu’à le stimuler dans le culte de ses rancunes et de son orgueil. Tout cela, nous le comprenons désormais, se trouvait dûment approuvé, sinon commandé, par les hommes d’État qui, dès lors, avaient résolu de guetter le premier prétexte pour recommencer chez nous la double invasion de 1814 et de 1815 : de telle sorte que je me représente volontiers les soldats allemands de l’Yser ou de la Woevre arrivant « sur le front » avec la tête remplie de cette littérature guerrière fabriquée tout exprès afin de leur enseigner, à la fois, et la possibilité pour eux de vaincre les Français et la nécessité de se faire payer plus largement leur victoire que l’ont fait leurs naïfs ancêtres des armées de Blücher.