Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 25.djvu/489

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Trente aux évêques du Saint-Empire. Le Trentin continua donc à faire partie de la Confédération germanique, mais Trieste en resta exclue, et, lorsque le Cabinet de Vienne songea à l’y incorporer, ce fut le gouvernement français qui, dans un Mémorandum très net du 5 mars 1851, fit observer que « … adjoindre aux populations allemandes des populations slaves, hongroises, illyriennes, italiennes, au milieu desquelles elles seraient noyées, ce serait dénaturer la Confédération. » Comme le déclarait également l’ambassadeur de la Grande-Bretagne, il faudrait préalablement obtenir « le consentement et le concours formel de toutes les Puissances qui ont pris part au Traité général de Vienne du 9 juin 1815. »

Quand, avec l’aide des armes ou de la diplomatie de Napoléon III, le Piémont réussit à s’annexer les provinces italiennes de l’Autriche, peu s’en fallut que le Trentin et Trieste, après la Lombardie, ne fussent associés à la conquête de Venise.

Alors que le gouvernement de Victor-Emmanuel discutait, en avril 1866, sous les auspices de la France, les termes de l’alliance avec la Prusse destinée à lui donner la Vénétie, il eût voulu que la cession du Trentin fût également spécifiée. M. de Bismarck répondit « que, le Trentin faisant partie de la Confédération germanique, il lui était impossible de stipuler à l’avance cette session au profit de l’Italie, mais ce qui ne pourrait pas se faire avant la guerre pourrait parfaitement, disait-il, s’effectuer pendant ou après, surtout en adressant un appel aux populations. » Quoique les Italiens n’eussent pas été heureux dans leurs opérations militaires contre l’Autriche, Victor-Emmanuel télégraphiait à Napoléon III en vue des pourparlers d’une paix que Sadowa rendait probable : « Le territoire à réunir au Royaume devrait s’étendre aux frontières nécessaires à sa sécurité. Le Tyrol italien en ferait par conséquent partie. » (6 juillet.) Déjà, se hâtant d’occuper le pays avant l’ouverture des négociations, Garibaldi s’y avançait avec une armée de 38 000 hommes auxquels le général Khün ne pouvait en opposer que 15 000. Mais les Alpes du Trentin offraient de redoutables remparts à leurs défenseurs qui surent habilement les mettre à profit. Laissant des avant-postes aux extrêmes limites de la frontière, organisant des réserves tactiques pour les soutenir un peu en arrière sur les grandes routes qui, toutes, convergent vers Trente, le général Khün restait lui-même sous cette ville, conservant entre