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Pour montrer à quel point l’analogie se poursuit dans tous les détails, il n’est peut-être pas sans intérêt d’emprunter textuellement à une histoire des Huns, sans modification ni commentaire, en modernisant seulement les noms de lieu, les passages principaux qui s’y rapportent.

Lorsqu’on 451, Attila eut mobilisé une armée de 500 000 guerriers pour anéantir l’inférieure « culture latine, » ce général, qu’on a tort de se représenter comme un pur barbare et qui était au contraire un calculateur et un politique, étendit cette horde immense sur un front de 300 kilomètres depuis Bâle jusqu’à la Mer du Nord. Tandis qu’il établissait son quartier général à Trêves, son aile gauche traversait le Rhin en amont de Mulhouse et se dirigeait par la trouée de Belfort vers Besançon. Le centre se mettait en marche pour occuper Strasbourg, Spire, Worms et Mayence. L’aile droite s’avançait par Liège sur Arras et venait détruire Dinant et Laon. Attila lui-même était parti de Trêves pour Metz qu’il assiégea, et se dirigeait de là sur Reims. Partout les populations s’enfuyaient devant lui, mais les provinces Belgiques surtout étaient dans l’épouvante. Quand il approcha de Paris, les magistrats de la ville résolurent de se réfugier plus au Sud ; l’intervention de sainte Geneviève les rassura. Et l’on vit les bandes d’Attila, qui s’étaient rassemblées entre la Somme et la Marne, bifurquer soudain vers l’Est pour gagner les provinces du Midi. Leur but, en le faisant, était stratégique. Ayant affaire à deux ennemis, les Visigoths et les Romains, Attila voulait écraser d’abord le premier pour se retourner ensuite contre le second. Il rassembla donc ses deux ailes, et se mit en route par des chemins où, de longue date, il s’était fait précéder par des espions. Pour cette expédition, il avait le choix, à partir de Reims et de Châlons, entre deux routes : l’une par Dijon et Lyon montueuse ; l’autre par Reims, Troyes, Sens, Montargis, Orléans, plus aisée. Il préféra cette seconde voie qui est demeurée une importante ligne stratégique et vint prendre Orléans dont le pillage fut commencé avec méthode, les chariots en station recevant le butin enlevé dans les maisons pour le ramener en Germanie. C’est alors qu’Aétius, arrivant enfin, le força à fuir et à reprendre au plus vite en sens inverse la route par laquelle il était venu. Il y eut des combats à Méry-sur-Seine et à Vitry-le-François ; mais, arrivé aux Champs Catalauniques, Attila s’arrêta. Sa position