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incomparables en combustibles minéraux, pourrait se trouver embarrassée. Les journaux ont, il est vrai, annoncé que la production des mines avait été réduite, d’abord au tiers dès le mois d’août, puis au dixième par le départ des ouvriers mobilisés. Si le fait est exact, ce qui demanderait à être vérifié, il faut l’attribuer, moins à la mobilisation qu’à l’arrêt des exportations et à la réduction de nombreuses industries nationales. N’oublions pas que la production de houille et de lignite allemande dépasse 250 millions de tonnes par an (191 000 tonnes houille et 37 000 tonnes lignite en 1913) contre environ 41 en France. La situation ne se trouverait un peu modifiée que si les Russes occupaient les mines de Silésie, par lesquelles est alimenté tout l’Est du pays. La production de la Haute-Silésie est, par an, de 37 millions de tonnes pour la partie prussienne (presque l’équivalent de toute notre production française) et de 9 millions pour la partie autrichienne. C’est une des raisons pour lesquelles l’envahissement de cette région si industrielle serait un événement d’une portée considérable. Ce jour-là, les chemins de fer allemands de la frontière russe devraient tirer leur charbon de l’Ouest et, en même temps, la production de zinc et de plomb serait privée d’un de ses facteurs essentiels.

Le premier inconvénient s’aggraverait si notre offensive nous menait en même temps dans le Bassin de Sarrebruck, sans vouloir penser à la Westphalie ou à ses prolongemens rhénans dont l’occupation, si elle se réalise, aura bien des chances pour marquer à peu près la fin de la guerre. Nous nous contentons d’indiquer ces hypothèses, encore trop aléatoires pour qu’on doive en tenir compte.

La situation n’est pas très différente pour l’Autriche-Hongrie, singulièrement plus pauvre en houille que l’Allemagne, mais ayant pourtant une grosse production de combustibles inférieurs et ravitaillée en outre par son alliée. Si l’on a raconté à diverses reprises que le charbon manquait à Vienne, ce ne peut être qu’un incident momentané ou une erreur. N’a-t-on pas lancé un moment une nouvelle pareille pour Paris ?

Les besoins de fer et d’acier pour l’armement ne sont pas non plus parmi les plus inquiétans pour l’Allemagne. L’acier est cependant nécessaire aux armées pour la fabrication des canons, des obus, des blindages, pour les navires, les coupoles