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Un autre métal dont l’intérêt s’est beaucoup accru dans ces dernières années, c’est l’aluminium, pour lequel les Allemands semblent avoir une prédilection toute spéciale et qui entre dans l’équipement du soldat, dans les appareils d’aviation, dans les automobiles, dans les fusées d’obus, etc. L’Allemagne, étant pauvre en houille blanche, n’a pu organiser très en grand la fabrication électrique de l’aluminium. Elle possède cependant une importante usine, en face de Rheinfelden sur le Rhin ; elle peut également puiser dans les usines d’Autriche telles que Lend, ou dans celles de Suisse, telles que Neuhausen, qui est, en réalité, une usine allemande. Mais la grande difficulté sera pour elle de se procurer le minerai, la bauxite, qui vient presque totalement du midi de la France et auquel il est peu pratique de suppléer par les autres substances alumineuses existantes en Allemagne ou dans les pays voisins.

Enfin, sans vouloir traiter incidemment une question de premier ordre, nous ne pouvons cependant oublier dans cette énumération que l’or est un métal, et même un métal de première importance. Or, en dehors de l’Amérique, tous les producteurs d’or mondiaux sont du côté des Alliés et l’Amérique a moins envie de donner son or que d’en recevoir. Tandis que de l’or continue à affluer chez nous de l’Afrique australe, des Indes, du Canada, des Guyanes, de la Côte d’or africaine, etc., tandis que le précieux métal nous arrive plus sûrement encore sous la forme des créances sur l’étranger, l’Allemagne, malgré tous les subterfuges dont elle se sert pour vendre des titres ou toucher des coupons par l’intermédiaire de la Hollande, ne peut manquer d’avoir une balance de plus en plus défavorable, qui se traduit déjà par une perte de 10 pour 100 sur le change du mark. On aura beau employer les moyens les plus énergiques jusqu’à forcer tous ceux qui pénètrent en Allemagne à livrer leur or contre des billets, quêter l’or dans les régimens et dans les paroisses, inviter les Allemandes patriotes à échanger leurs alliances d’or contre des anneaux de fer, vendre des prolongations de congé aux soldats qui rapportent des pièces d’or de leur famille, de tels procédés sont d’une application précaire. Il a été fait grand étalage en Allemagne de ce que l’encaisse or de la Reichsbank avait augmenté de 738 millions depuis les hostilités pour atteindre 1 991 millions au début de décembre [1] ; c’est

  1. Pour pouvoir enfler sa circulation fiduciaire, la Reichsbank considère que les bons du Trésor et effets créés par le gouvernement impérial ont la valeur de l’or, puisqu’ils peuvent être admis légalement comme couverture de ses billets et donnent le même droit de triple émission.